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Déversements de polluants dans le monde - 2019

Pollustats 2019

Le Pollustats 2019 reprend les statistiques issues de l'inventaire des événements accidentels dans le monde portés à la connaissance du Cedre et ayant donné lieu à un déversement d'hydrocarbures ou de substances nocives potentiellement dangereuses dans les eaux de surfaces.

 

 
 
 

 

 

Localisation des déversements

En 2019, le Cedre a recensé 26 accidents ayant entraîné des déversements de polluants d’ampleur estimée supérieure ou égale à 10 m3 environ, d’une part, et suffisamment renseignés pour faire l’objet d’une exploitation statistique, d’autre part. 

 
 
 

 

 

 

Mer et littoral

Nombre de déversements par domaine

Une moitié des déversements se sont produits en mer, et un peu moins d’un tiers en eaux estuariennes (31 %). Environ 15 % de ces cas significatifs sont survenus en eaux littorales, et 4 % seulement en eaux portuaires.Comme en 2018, le nombre d’évènements d’ampleur significative recensés en 2019 est légèrement inférieur à la médiane estimée à partir des valeurs calculées de façon analogue, depuis 2004 (30 évènements/an pour la période 2004-2018) ou depuis le début de la décennie 2010 (32 évènements/an pour la période 2010-2018). L’année 2019 ne se démarque donc pas notablement des années antérieures en termes d’occurrence de ces déversements accidentels.

 

 

Quantités déversées par domaine

La quantité déversée d’hydrocarbures et autres substances dangereuses, avec un cumul de l’ordre de 7 700 tonnes, est quant à elle l’une des moins élevées estimées selon la même approche depuis 2004. Elle est, de fait, très nettement inférieure à la valeur médiane calculée sur les 15années antérieures (de l’ordre de 30 000 tonnes entre 2004 et 2018). Néanmoins, il faut mentionner que la valeur peu élevée, en l’état, du bilan 2019 est en large partie le résultat d’une sous-estimation liée au caractère lacunaire des données de volumes portées à notre connaissance. A cet égard, 2 cas sont à signaler en particulier :

  • nous n’avons pas connaissance de l’estimation finale du volume de brut déversé en mer suite à l’éruption d’un puits offshore le Pertamina YYA-1 en juillet 2019 en Indonésie (Cf. LTML n° 50), sinon qu’elle avoisinait les 18 000 m3, ceci un mois environ après le début de la fuite (et un peu plus d’un mois avant sa maîtrise) ;
  • le tonnage de minerai de nickel constituant la cargaison du vraquier Nur Allya (jauge brute de plus de 30 000 tonneaux), au moment du naufrage de ce dernier en août 2019 dans les eaux marines indonésiennes, ne nous est pas connu.

Ces sources d’incertitudes sont donc à considérer dans la lecture et l'interprétation des graphiques de la présente analyse, qu’elles pénalisent indubitablement. Sur la base des accidents pour lesquels une information quantitative est disponible (à l’exclusion notable, donc, des 2 mentionnés précédemment), la valeur médiane des quantités déversées indique une distribution des autres cas recensés en 2019 autour d’environ 80 m3, soit une ampleur relativement modérée. 

 
Nombre de déversements et quantité déversée par type de produits

En termes de fréquence, les pollutions significatives de 2019 ici inventoriées ont le plus souvent (environ 80 % des cas de l’année) impliqué des hydrocarbures s’étant agi, dans plus de la moitié des évènements, de déversements de produits raffinés - soit une occurrence 2 fois supérieure environ à celle correspondant aux pétroles bruts (Fig. 1).Les déversements significatifs de substances chimiquesdiverses, moins fréquents (16 % des cas), ont en 2019 en majorité impliqué des cargaisons de vracs solides de type minerai, sels, cristaux (12 % des cas) dont les plus importants ont été des déversements de minerai de nickel, d’une part, et de bauxite, d’autre part. En termes de volumes, l’indisponibilité de données chiffrées relatives aux quantités déversées, pour nombre de cas figurant dans cet inventaire 2019 et concernant diverses catégories de substances (Fig. 2, à titre indicatif), rend délicate l’estimation des cumuls par types de produits impliqués, sous-évalués, ainsi que leurs contributions relatives au bilan annuel.

Eaux intérieures

En 2019, 24 accidents suivis de pollutions significatives (≥ 10 t.) ont été identifiés en eaux intérieures. Il s’agit d’une valeur inférieure aux nombres médians exprimés sur l’intégralité de la période 2004-2017 (36, estimation sur la base de données annuelles, collectées de façon analogue), comme pour les périodes 2004-2010 (40) et la décennie en cours (33 sur les années 2011-2018). Pour la 4ème année consécutive, le nombre d’accidents significatifs inventoriés s’est avéré inférieur à celui globalement observé dans la décennie précédente. En l’état, l’analyse des données portées à notre connaissance suggère une tendance à la diminution du nombre de déversements de plus de 10 m3 rapportés dans nos sources d’informations, depuis le début des années 2010 environ.

 
Fréquence des déversements accidentels par type de source

 

En 2019, les installations (petites et moyennes) diverses, ont représenté les sources les plus fréquentes des pollutions significatives d’eaux intérieures ici identifiées, avec une occurrence estimée à environ 30% (s’agissant le plus souvent d’usines diverses ou d’installations agricoles). Viennent ensuite les camions/semi-remorques, impliqués dans environ 20% des évènements, pour l’essentiel en lien avec des camions-citernes et s’agissant de déversements modestes (médiane de l’ordre d’une quinzaine de m3). Les déversements à partir de pipelines apparaissent à une fréquence de 17% au sein des accidents recensés en 2019 : bien que manifestement supérieurs à 10 m3, selon les informations identifiées, les estimations en termes de volumes associés ont, dans la plupart des cas, été trop lacunaires pour en évaluer la contribution à la quantité globale de produits déversés sur l’année. Les catégories des installations industrielles terrestres (usines chimiques/pétrochimiques le plus souvent) et des installations pétrolières terrestres apparaissent impliquées à hauteur, respectivement, de 13% et 8% des cas de déversements significatifs identifiés. Les autres catégories suivies n’apparaissent chacune, en 2019, qu’à de fréquences modestes (<5%) et similaires.

 

Quantités déversées par type de source

Tout en rappelant l’imprécision des données disponibles en termes de volumes, l’analyse des quantités de produits déversés par type de sources fait apparaître que les installations (petites et moyennes) diverses ont été la catégorie principalement contributrice au bilan de 2019 (à hauteur de 40% environ – soit de l’ordre de 1 000 tonnes cumulées).

Les structures à l’origine de déversements supérieurs à la centaine de m3 ont notamment inclus des fosses ou stockages au sein d’installations agricoles et des usines de traitement d’eau. A noter également la destruction, au cours d’un incendie, d’un entrepôt au sein d’une distillerie aux États-Unis, lequel a causé un déversement d’ampleur - estimé à plusieurs milliers de m3, à défaut de données plus précises - dans une rivière du Kentucky (Cf. LTEI n° 29).

Vient ensuite la contribution des pipelines, représentant environ 37% du cumul estimé des accidents ayant affecté des eaux intérieures. Cette valeur est très probablement sous-estimée, du fait de l’imprécision quant aux volumes des déversements pour la moitié des cas recensés en 2019.

 
Quantités déversées par type de polluant

En préambule, on notera comment l’analyse des principales catégories de produits contributrices au volume annuel estimé s’avère, en 2019, délicate du fait du manque d’informations détaillées quant aux quantités déversées s’agissant de la catégorie des substances chimiques. Ces dernières sont pourtant impliquées dans un quart des pollutions significatives en eaux intérieures identifiées sur l’année (Fig. 1), soit une fréquence relativement élevée ; cependant, au-delà de mentionner que les volumes ont dépassé la dizaine (sinon la centaine) de m3, les informations à notre disposition n’indiquent pas de chiffres plus précis quant à leur ampleur. Les constats suivants portent donc sur les autres catégories de produits concernés en 2019.

La plus forte contribution identifiée au bilan apparaît, comme pour les années précédentes, celle des hydrocarbures. Ils ont été impliqués dans plus de la moitié (environ 58%) des évènements (Fig. 1) et totalisent a minima de l’ordre de 1 500 tonnes de produits pétroliers déversés, soit une contribution totale (sous-estimée) au bilan annuel de 60% environ (Fig. 2). Au sein de cette catégorie des hydrocarbures, on retiendra essentiellement :

  • les produits pétroliers raffinés, impliqués dans environ 26% des déversements accidentels de l’année (Fig. 1). et dont 17% relèvent de raffinés légers (produits blancs de type gazole, essence, kérosène, fioul domestique) et 9% de raffinés non précisés. Ils ne représentent cependant qu’une faible contribution estimée au bilan de 2019 (environ 4% pour les légers, et 1 % pour les raffinés non précisés ; Fig. 2), en       lien avec des déversements relativement faibles dans les cas identifiés (médiane inférieure à la vingtaine de tonnes) ;
  • les pétroles bruts, impliqués à une fréquence de 17% au sein des déversements identifiés (Fig. 1), avec des quantités déversées connues totalisant plus de 900 tonnes, soit un peu plus de 35% du bilan global (Fig. 2). Sur la base des données à notre connaissance, cette contribution correspond essentiellement à 4 déversements significatifs ayant affecté des eaux intérieures. On y trouve des pollutions survenues le plus souvent à partir de pipelines. Deux ont excédé la centaine de tonnes (en Colombie en février, d’une part, et en France au mois d’avril, d’autre part ; Cf. LTEI n° 29), aux côtés de déversements plus modérés (10-20 tonnes) ou dont le volume n’est pas indiqué dans nos sources d’informations ;
  • la part des hydrocarbures non précisés, associés à 13% des cas identifiés (Fig. 1), représentent environ 18% du bilan global (Fig. 2), en lien avec 3 déversements dont, essentiellement, celui d’environ 400 tonnes d’eaux chargées en hydrocarbures, survenu au Canada en mai à partir d’un puits terrestre (Obsidian Energy; Cf. LTEI n° 29). Les 2 autres n’ont pas atteint la cinquantaine de tonnes.

Impliqués dans environ 17% des évènements significatifs identifiés en eaux intérieures (Fig. 1), les rejets accidentels de matières organiques représentent l’essentiel des 40% restants (c'est-à-dire non liés aux hydrocarbures) du bilan annuel (Fig. 2). Cette contribution est, pour une large part, en lien avec des déversements de lisier d’une centaine à quelques centaines de m3, causés par des ruptures de stockages ou de fosses au sein d’installations agricoles en France. Également en France, le déversement en rivière d’une quantité d’eaux chargées d’environ 400 tonnes de charbon actif, non toxique, à partir d’une station de traitement d’eau, a significativement participé à ce bilan (Cf.  LTEI n° 29).

Pour les raisons évoquées précédemment, la part des substances chimiques dans le bilan annuel des déversements significatifs en eaux intérieures est difficilement appréciable (en dépit d’une implication dans environ 25 % des évènements identifiés; Fig. 1). A titre indicatif néanmoins, on mentionnera un déversement important d’alcool en rivière, suite à l’incendie d’un dépôt au sein d’une distillerie (juillet, États-Unis), dont il est estimé qu’il a atteint de l’ordre de plusieurs milliers de m3 (Cf. LTEI n° 29). La rupture d’un stockage de soude caustique, sur un site de production d’huile végétale en Afrique du Sud, a quant à elle entraîné un déversement de plus de 1 500 m3 d’un mélange de soude caustique et d’huiles - dans des ratios non précisés. D’autres déversements significatifs de produits chimiques, de volumes non estimés ou non communiqués, ont été recensés en eaux continentales, s’agissant en particulier de ruissellements d’eaux d’extinction, à la suite d’incendies tels que ceux survenus dans la zone industrielle de Can Buscarons de Baix, à Montornès del Vallès (à proximité de Barcelone, Espagne) qui a entraîné une pollution du fleuve Besós (décembre 2019), ou encore au sein d’une usine chimique de la firme Euro-Composites à Echternach (Luxembourg). Ce dernier exemple a généré, au mois d’octobre, une pollution des eaux de la Sûre par une quantité non évaluée d’effluents chargés en produits divers (agents d’extinction, produits chimiques industriels divers...)

 

Voir aussi

Lettre Technique Mer & Littoral n° 50 de 2019 du Cedre

Lettre Technique Eaux Intérieures n° 29 de 2019 du Cedre

Bilan annuel 2019 de la DAM (Direction des Affaires Maritimes) sur la "Surveillance des pollutions en mer"

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