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Déversements de polluants dans le monde - 2018

Pollustats 2018

Le Pollustats 2018 reprend les statistiques issues de l'inventaire des événements accidentels dans le monde portés à la connaissance du Cedre et ayant donné lieu à un déversement d'hydrocarbures ou de substances nocives potentiellement dangereuses dans les eaux de surfaces.

 

 
 
 

 

 

Localisation des déversements

En 2018, le Cedre a recensé 28 accidents ayant entraîné des déversements de polluants d’ampleur estimée supérieure ou égale à 10 m³ environ, d’une part, et suffisamment renseignés pour faire l’objet d’une exploitation statistique, d’autre part.

 

 
 
 

 

 

Mer et littoral

Nombre de déversements par domaine

Un peu moins de la moitié se sont produits en mer (44 %), et un peu moins d’un quart en eaux portuaires (22 %). Environ 20 % de ces cas sont survenus en estuaires et, enfin, 15 % en eaux littorales. Le nombre d’évènements recensés en 2018 est légèrement inférieur à la médiane estimée à partir des valeurs calculées de façon analogue, depuis 2004 (30 incidents annuels pour la période 2004-2017) ou depuis le début de la décennie 2010 (33 pour la période 2010-2017). L’année 2018 ne se démarque donc pas notablement des années antérieures en termes d’occurrence de déversements accidentels.

 

 

 

Quantités déversées par domaine

En 2018 encore, la majeure partie de la quantité de polluant déversée l’a été en mer, essentiellement due au naufrage du pétrolier Sanchi au mois de janvier en mer de Chine (Cf. LTML n°47), loin devant les autres accidents maritimes, dont celui du CSL Virginia en octobre au nord du Cap Corse (Cf. LTML n°48). Le cumul des quantités déversées en eaux littorales est essentiellement à porter au crédit d’un déversement d’eaux polluées aux hydrocarbures, à partir d’une raffinerie cubaine. Les eaux portuaires, et surtout estuariennes, ont été relativement moins concernées par les volumes déversés recensés en 2018. Le déversement de fioul lourd issu de la collision, en juin, du navire-citerne Bow Jubail contre une infrastructure du port de Rotterdam y figure comme le plus important en la matière (environ 220 tonnes de carburant (Cf. LTML n°47). On rappellera cependant que, comme pour les années précédentes, le cumul des déversements en ports est très probablement sous-estimé du fait d’informations imprécises ou incomplètes.

 

Nombre de déversements et quantité déversée par type de produits

Les pollutions significatives de 2018 ont dans leur très grande majorité (plus de 90 % des évènements) impliqué des hydrocarbures, s’agissant dans la moitié des cas de déversements de produits raffinés, évènements 2 à 3 plus fréquents que ceux ayant impliqué des pétroles bruts, d’une part, ou des hydrocarbures non précisés, d’autre part (Fig.1). En revanche, la quantité déversée d’hydrocarbures et autres substances dangereuses, avec un cumul avoisinant 130 000 tonnes (Fig.2), est nettement supérieure à la médiane estimée selon la même approche sur les 14 années antérieures (soit de l’ordre de 30 000 tonnes). Mais il faut noter que ce bilan s’explique par un évènement singulier, majeur (l’accident du pétrolier Sanchi survenu en Mer de Chine Orientale, au premier semestre ; Cf. LTML n°47) et que, globalement , l’année a été ponctuée de déversements de relativement faible ampleur (distribués autour d’une valeur médiane d’une soixantaine de tonnes). 

 

 

Le cumul des volumes déversés d’hydrocarbures est très largement dominant au sein du bilan global estimé en 2018, dont ils représentent la quasi-totalité. Bien que très fréquemment impliqués dans les accidents de l’année, les condensats sont très nettement les premiers contributeurs (plus de 80 % de la quantité d’hydrocarbures estimée déversée ; Fig. 2) en lien avec l’accident, majeur, du pétrolier Sanchi (Cf. LTML n°47). Viennent ensuite les contributions des hydrocarbures non précisés et des fiouls lourds à intermédiaires (environ 10 % et 2 %, respectivement, de la quantité cumulée d’hydrocarbures), seules catégories ayant dépassé le millier, voire la dizaine de milliers de tonnes, selon les chiffres dont nous disposons (Fig.2).

Avec seulement 2 cas significatifs identifiés dans nos sources d’informations, les reports de déversements de substances chimiques ont été peu fréquents en 2018. Ils ont impliqué des substances liquides, correspondant respectivement aux catégories Alcool (fuite d’éthylène glycol partir d’une plateforme offshore) et Pétrochimie (pollution portuaire aux solvants aromatiques, à partir d’un terminal pétrochimique), accidents tous 2 décrits dans la LTML n°48 et dont la contribution au bilan déversé est relativement faible au vu des volumes modérés (entre 60 et 70 tonnes).

 

Eaux intérieures

En 2018, 29 accidents suivis de pollutions significatives (≥ 10 t.) ont été identifiés en eaux intérieures, soit une valeur inférieure aux nombres médians exprimés sur l’intégralité de la période 2004-2017 (37, estimation sur la base de données annuelles, collectées de façon analogue), ou pour les périodes 2004-2010 (40) et la décennie en cours (34 pour 2011-2017). Pour la 3ème année consécutive, le nombre d’accidents significatifs portés à notre connaissance s’est avéré quelque peu inférieur à celui globalement observé dans la décennie précédente. Cette analyse suggère par conséquent une tendance actuelle à la baisse, légère, du nombre de déversements de plus de 10 m3 rapportés dans nos sources d’informations.

 

Fréquence des déversements accidentels par type de source

 

 

En 2018, les installations pétrolières terrestres, d’une part, et les pipelines, d’autre part, ont représenté les sources les plus fréquentes des pollutions significatives d’eaux intérieures portées à notre connaissance, en totalisant chacune environ 21 %, dont un tiers lié à des dépôts pétroliers, pour les premières. Viennent ensuite les camions citernes, catégorie à l’origine de 17 % des évènements, dont trois survenus en France, devant les trains (fréquence de 13% au total, à raison de 10 % imputables à des wagons citernes).

 

 

Quantités déversées par type de source

D’une précision relative (du fait du caractère parfois lacunaire des données, en termes de volumes déversés), l’analyse des quantités (estimations a minima) de produits déversés par type de source suggère que la contribution la plus élevée au bilan de 2018 est celle des installations pétrolières terrestres (35 % environ, avec plus de 1 000 tonnes cumulées).

Cependant, elle résulte de déversements modestes, à l’exception de 2 cas survenus à partir d’un site de récupération secondaire au Venezuela (PDVSA Jusepín production complex) en juillet, et d’une installation pétrolière non précisée (Yacimientos Petrolíferos Fiscales) dans le Territoire chilien de l'Antarctique en octobre, (ayant impliqué, respectivement, 200 tonnes de pétrole brut et plus de 700 tonnes d’un hydrocarbure non précisé).

 

Quantités déversées par type de polluant

La plus forte contribution identifiée au bilan 2018 apparaît, comme généralement, celle des hydrocarbures. Ils totalisent a minima de l’ordre de 3 000 tonnes de produits pétroliers déversés, soit  une contribution totale (sous-estimée) au bilan annuel de 76 % environ. Parmi ceux-ci on retiendra essentiellement :

  • les pétroles bruts, dont les quantités déversées connues totalisent environ 950 tonnes, soit un peu plus de 30 % du bilan global. Cette contribution procède , sur la base des données portées à notre connaissance, d’une demi-douzaine de déversements supérieurs à 10 m3, dont deux seulement ont dépassé la centaine de m3 (issus pour l’un d’une installation pétrolière au Venezuela en juillet, et pour l’autre du déraillement d’un convoi de wagons citernes aux États-Unis en juin) ;
  • la part, en seconde position, des hydrocarbures non précisés (27% du bilan global), liés à 2 déversements, l’un d’environ 700 tonnes à partir d’une installation pétrolière terrestre (Yacimientos Petrolíferos Fiscales) dans le territoire chilien de l'Antarctique en octobre, l’autre d’environ 100 tonnes d’eaux chargées en hydrocarbures à partir d’un pipeline opéré par Cor4 Oil Corp dans la province canadienne de l’Alberta en juillet ;
  • les produits raffinés, en particulier les raffinés légers (soit les produits blancs de type gazole, essence, kérosène, fioul domestique), contributeurs à hauteur de 14 % du bilan environ. Cette contribution est en lien avec pas moins de 11 évènements d’ampleur modérée (médiane d’environ 20 m3), à l’exception de deux pollutions de plus de 100 m3 : l’une de 160 m3 de gazole suite à l’ouverture d’une brèche sur un pipeline aux États-Unis (cours d’eau Big Creek, Indiana, mars 2018), l’autre de plus de 120 m3 d’essence, également à partir d’un pipeline, ayant affecté la Darby Creek (Pennsylvanie, en juin) ;
  • à noter la présence des catégories biocarburants et dérivés houillés (en l’espèce, du charbon), bien que faiblement représentées (< 2%), dans le bilan de 2018.

La contribution identifiée au bilan des effluents chargés en matières minérales est d’environ 18 %, en lien avec un déversement de l’ordre de 550 tonnes de fluide à base de bentonite, à partir d’un pipeline en cours de construction aux États-Unis.

Viennent ensuite les déversements de matière organique, dont la contribution cumulée s’élève à un peu moins de 5%, en lien avec trois incidents dont un d’une centaine de m3 de lisier -à partir d’une fosse au sein une exploitation porcine de la proximité d’Elliant (Finistère) en avril.

La part représentée par les substances chimiques est négligeable au sein du bilan annuel des déversements significatifs identifiés en eaux intérieures. Dans cette catégorie, nous n’avons eu connaissance que d’un déversement de chlorite de sodium ayant atteint de l’ordre de 10 tonnes, survenu en l’occurrence dans le gave de Bélonce (affluent du Gave d'Aspe) par suite du renversement d’un camion-citerne sur la commune d’Etsaut (Pyrénées-Atlantiques) au mois d’août.

Voir aussi

Lettre Technique Mer & Littoral n° 48 de 2018 du Cedre

Lettre Technique Eaux Intérieures n° 28 de 2018 du Cedre

Bilan annuel 2018 de la DAM (Direction des Affaires Maritimes) sur la "Surveillance des pollutions en mer"

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