MANIFESTS Genius, 2024-2025

Les accidents de navigation impliquant des substances nocives et potentiellement dangereuses (SNPD) qui se comportent comme des gaz ou des « évaporant » peuvent présenter des risques importants pour l'environnement et la santé publique, en particulier en zone portuaire ou à proximité du littoral.

Le récent accident survenu dans le port jordanien d'Aqaba (juin 2022- mer Rouge) où 13 personnes ont péri à la suite d'une fuite toxique de chlore, illustre les conséquences pouvant résulter de tels accidents. La même année, les fuites de gaz naturel liquéfié (GNL) sur les gazoducs Nord Stream en septembre 2022 ont généré des bulles à la surface de la mer de 200 à 1000 mètres de diamètre, avec un risque d'explosion nécessitant une zone d'exclusion de 9 kilomètres. En parallèle, l'industrie maritime s'efforçant de réduire ses émissions, les carburants de substitution tels que l'ammoniac, le méthanol et le GNL sont de plus en plus transportés , soit par vraquier, soit par gazoduc.

Toutes ces substances nocives et potentiellement dangereuses (SNPD) peuvent entraîner la formation de nuages toxiques, inflammables ou explosifs en cas de rejet accidentel. Il est donc crucial de fournir des données précises sur leur comportement en conditions naturelles, ainsi que sur leurs propriétés physico-chimiques, leur cinétique d'évaporation, indispensables pour élaborer des stratégies d'intervention adaptées.

Par ailleurs, l’impact de la nappe et/ou du nuage de gaz formé peut s’étendre à plusieurs États limitrophes. Dans de tels cas, l'harmonisation des procédures et l'échange d'informations deviennent cruciaux pour assurer une réponse efficace. Cependant, malgré les progrès réalisés en matière de modélisation et de collecte de données, il reste nécessaire de disposer d'orientations sur la manière de convertir les données et les résultats des modèles de prédiction (ex. cinétique d'évaporation, dérive de la nappe en surface, etc.) en informations normalisées et pertinentes qui peuvent être facilement partagées avec les équipes d'intervention.

Basé sur le succès du projet MANIFESTS, MANIFESTS Genius a pour objectif d’améliorer la gestion crise et de renforcer les capacités de préparation et de réponse face aux accidents impliquant des déversements de SNPD, susceptibles de conduire à la formation de nuages gazeux et toxiques. L'accent sera mis sur les rejets de produits chimiques volatils (ex. cyclohexane), mais également sur les carburants de substitution tels que l'ammoniac, le méthanol et le GNL.

Les objectifs du projet sont :

1.  Évaluer expérimentalement le comportement et l’impact des SNPD volatiles et gazeuses dans les eaux côtières selon 2 scénarios de déversement : l’un en surface et l’autre en subsurface.
2.  Fournir des informations pour aider les parties prenantes à élaborer des plans d'urgence et des protocoles d'intervention efficaces pour les sites équipés de pipelines de transport ou de systèmes de réfrigération à base d'ammoniac anhydre mais également de GNL.
3.  Améliorer l'échange d'informations entre les autorités chargées de la pollution marine et les groupes d'intervention des différentes agences/organismes ayant des responsabilités lors d'un incident près du littoral, afin d'améliorer la coordination de l'intervention terrestre et maritime.
4.  Partager les connaissances et former l'autorité en charge de la réponse à l'utilisation des outils d’aide à la décision développés dans le cadre de MANIFESTS Genius et d’autres projets nationaux et européens antérieurs.

Outre la coordination du projet, le Cedre sera principalement responsable des études expérimentales des processus d’évaporation, de remontée dans la colonne d’eau et du comportement de plusieurs produits chimiques ainsi que de l'actualisation de la base de données HNS. Il sera également en charge de l’organisation de 3 ateliers internationaux à destination des parties prenantes de l’Accord de Bonn, de HELCOM et du REMPEC pour la formation des opérationnels à l’utilisation des outils d’aide à la décision existants.

Le partenariat du projet implique 7 instituts de recherche et administrations de 5 pays (Belgique, Espagne, France, Norvège, Portugal, Royaume-Uni). Le Consortium s’appuiera sur les conseils d’un comité consultatif (Advisory Board) constitué d’autorités maritimes et de protection civile issues de chaque État participant.