Rejets licites et illicites
Les rejets volontaires d'hydrocarbures en mer ne sont pas tous illicites.
Les rejets volontaires d'hydrocarbures en mer par les navires résultent d'opérations d'entretien diverses illustrées dans le schéma ci-dessous. Ces rejets volontaires d’hydrocarbures ne sont pas tous illicites : comme le montre le schéma, s'il est interdit en toutes circonstances de rejeter boues de fond de cuve ou des huiles usagées, il n'est pas illicite de déverser au large des eaux huileuses de fond de cale tant que leur concentration en hydrocarbures ne dépasse pas 15 parties par million (15 ppm), quelle que soit la quantité en jeu.
Un navire en route peut donc laisser dans son sillage, pendant plusieurs heures, voire plusieurs dizaines d'heures, un flot permanent d'eau huileuse, tant que la concentration de ce qui est déversé ne dépasse pas 15 ppm. Mais le déversement devient illicite, quelle que soit sa concentration, s'il intervient dans une zone maritime protégée par des
réglementations nationales et internationales. La convention MARPOL 73/78 interdit ainsi tout rejet de lavage de cuve dans les « zones spéciales » : mer Méditerranée, mer Baltique, mer Noire, mer Rouge, golfe d'Aden, Antarctique, Atlantique aux approches Nord-Ouest de l'Europe du Nord-Ouest.
Ces déversements volontaires sont souvent qualifiés de « dégazages » ou de « déballastages ». Vous pouvez utiliser un mot ou l'autre, on vous comprendra. Mais sachez que, pour les spécialistes, le dégazage consiste à débarrasser une cuve de carburant ou de pétrole brut, des gaz et traces de produit qui subsistent une fois la cuve vidée. Le déballastage est l’opération qui consiste à vider de son contenu un réservoir à ballast, c’est à dire un réservoir que l’on peut remplir plus ou moins d’eau de manière à alourdir ou alléger un navire afin de lui donner une meilleure stabilité et une meilleure « assiette » (équilibre des masses sur la longueur). Une cuve à carburant ou, sur un pétrolier, une cuve à pétrole brut, vidées de leur contenu, constituent de commodes réservoirs à ballaster (remplir) avec de l’eau, pour rincer les hydrocarbures et déchets qu’ils contiennent. Cela forme des eaux souillées par des hydrocarbures, qui seront ensuite déchargées au port ou avant l'arrivée au port, de préférence dans le respect de la réglementation en vigueur.
Les navires pétroliers sont aujourd'hui rares dans les relevés de déversement illicites : ils sont devenus aujourd'hui parmi les plus respectueux de l'environnement marins, regroupant leurs fonds de cuve dans une même citerne et chargeant une nouvelle cargaison par-dessus (la pratique du "load on top" et surtout pratique du dégazage au port).
Ce dégazage au port est une procédure bien rodée. Au fur et à mesure de la vidange d'une cuve, un gaz inerte y est injecté pour éviter une explosion. Une fois la cuve vidée, elle est rincée avec un jet de fuel lourd. Puis un nouveau rinçage est fait à l'eau de mer, en réutilisant la même eau pour toutes les cuves. Cette eau est décantée, filtrée et stockée pour être rejetée au large, dans le respect de la règle des 15 ppm. Le résidu est conservé et sera incorporé à la cargaison suivante. Dans les cuves, avant inspection, le gaz inerte est remplacé par de l'air : c'est le véritable "dégazage".
La qualité, le bon entretien et le bon réglage du séparateur eau-huile sont, avec la bonne prise en compte des zones spéciales, les clés d'une navigation respectueuse du milieu marin.