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Montara

Nom
Montara
Date de l'accident
21/08/2009
Lieu
Australie
Zone du naufrage
Mer de Timor, 230 km au large des côtes du nord-ouest de l'Australie
Zone du déversement
Pleine mer
Cause de l'accident
Eruption de pétrole
Nature polluant
Pétrole brut
Quantité déversée
4 800 tonnes
Type de navire / structure
Plate-forme (Exploration)
Propriétaire
Seadrill Ltd

L'accident

Le 21 août 2009, une éruption incontrôlée d'hydrocarbures se produit à partir de la tête d'un puits foré par la plate-forme mobile West Atlas. Cet accident se déroule à environ 230 km au large des côtes du nord-ouest de l’Australie sur le champ pétrolier offshore Montara (Mer de Timor).

69 ingénieurs et techniciens à bord sont immédiatement évacués, sains et saufs, vers Darwin.

La fuite

Les remontées d’hydrocarbures sont composées :

  • de pétrole brut léger (mais à teneur en paraffines s’élevant à 11 % et un point d’écoulement s’élevant à 27 °C) formant aussitôt des nappes en surface
  • d’un mélange de condensats et de gaz libérés dans l’atmosphère, posant un risque d’explosion à proximité de la plateforme.

Le débit de la fuite est estimé par la compagnie PTTEP Australasia, opérateur de la plate-forme, à environ 64 tonnes de brut par jour. Sur cette base, la quantité totale déversée en mer est estimée à environ 4 800 tonnes, la fuite s’étant poursuivie jusqu’au 3 novembre 2009. La nappe générée atteint jusqu'à 40 km de large par 136 km de long.

Ce déversement de pétrole prend la troisième place au palmarès des accidents similaires en Australie après celui du Kirki (18 000 tonnes le 21 juillet 1991) et celui du Princess Anne Marie (14 800 tonnes le 14 juillet 1975).

Lutte en mer

Alertée quelques heures après l’incident, l’AMSA, autorité chargée de la réponse antipollution en mer, déclenche le plan national de lutte antipollution en mer (National Plan).

L’Australian Marine Oil Spill Centre (AMOSC), coopérative d’intervention intégrée dans le dispositif national est également activé. Environ 17 navires et 9 aéronefs sont mobilisés provenant de l’AMSA et de l’industrie pétrolière. Au total, environ 300 personnes issues des secteurs publics et privés sont impliquées dans les opérations.

Surveillance des nappes et guidage

Des reconnaissances aériennes sont initiées dès le début de la crise pour suivre la dérive des nappes et guider les moyens nautiques sur zone (navires récupérateurs, aéronefs pour l'épandage de dispersant...).

La dérive de la nappe est également suivie à l'aide de bouées de marquage larguées depuis un Dornier de l'AMSA.

Au total, sur l'ensemble de la période de la crise, ce sont 130 vols de surveillance qui sont menés dans un périmètre de 35 kilomètres autour de la plate-forme. A noter que des validations (prélèvements réalisés par hélicoptère) sont parfois nécessaires pour différencier les nappes d'hydrocarbures des nappes dues aux efflorescences phytoplanctoniques (phénomène naturel).

Dispersion

Dès le 2e jour après le déversement, les nappes d'hydrocarbure sont traitées par épandage (aérien et par navires) de dispersants (50 tonnes acheminées depuis le dépôt de l'AMOSC de Geelong). Dans un premier temps, l'épandage se fait à partir du porteur Hercules C130 puis, à partir de petits monoplans, plus maniables sur les petites nappes. Ce dispositif est maintenu jusqu’au 1er novembre 2009.

L’importante fraction paraffinique du brut, qui a tendance à solidifier les nappes en fonction des variations de température, a eu une incidence sur les fenêtres temporelles d'application des dispersants (plus efficace dans l’après-midi). Par ailleurs, l'éloignement des côtes a également posé des limites opérationnelles liées au temps nécessaire pour acheminer le personnel et les moyens sur zone.

Dans le contexte de cette pollution la dispersion chimique s'est avérée efficace.

Confinement et récupération

Les conditions météo océaniques (faible agitation) s'avèrent peu propices à la dispersion naturelle du brut mais favorables aux opérations de confinement et de récupération.

Ces opérations sont menées, entre le 5 septembre et le 30 novembre 2009 essentiellement par deux paires de navires travaillant en bœuf. Le dispositif permet de déployer un barrage de 300 mètres pour former une poche de confinement (en "U" ou en "J") au sein de laquelle des récupérateurs à seuil permettent la récupération du brut.

Comme pour les opérations de dispersion, une contrainte particulière est apparue en lien avec la forte teneur en paraffines du brut déversé. Ces paraffines, se solidifiant durant la nuit il fut parfois nécessaire de poser des dégrilleurs sur les récupérateurs à seuil.

Dans ce contexte particulier d'éloignement de la côte, la présence sur zone d'un navire FPSO(Floating Production, Storage and Offloading) de la compagnie PTTEP s’est avéré un élément majeur pour les opérations de récupération, offrant ainsi une capacité de stockage rapidement disponible pour les hydrocarbures récupérés.

Aucune accumulation récupérable n'a été détectée au-delà du 15 novembre, soit 12 jours après l'obturation de la fuite. Au bilan, 844 m3 d'émulsion ont été récupérés, dont l'AMSA estime à 58 % (493 m3) la fraction de pétrole brut.

Colmatage du puits

Un groupe d'experts est mobilisé par PTTEP Australasia pour élaborer une stratégie afin de stopper la fuite.

L'option retenue est le forage d'un puits de dérivation rejoignant le puits principal, à 2600 m sous le fond de la mer.

La plate-forme de forage mobile, West Triton, est donc acheminée de Singapour, le 21 septembre, pour forer un puits de diversion afin de rejoindre le puits fuyard, à 2 600 m sous la mer et d'injecter de la boue pour colmater la fuite.

L'interception du puits principal, véritable défi technique, est réalisée le 3 novembre, avec l'injection de 540 m3 de boues lourdes et l'arrêt de la fuite.

Le puits a été définitivement scellé en fin novembre, par injection de ciment dans le conduit sur une hauteur de 1 500 m.

Le National Plan est désactivé et les moyens en mer démobilisés le 3 décembre 2009, suite au colmatage définitif du puits.

Impact

La réponse antipollution est un succès, aucun arrivage sur le littoral comptant des secteurs sensibles écologiquement n'est observé.

Dès le mois de septembre 2009, le Ministère australien en charge de l'Environnement (DEWHA) finance deux études de suivi des impacts environnementaux de ces pollutions. L'un concerne l'impact sur les oiseaux et les mammifères, le second l'estimation de la contamination côtière.

Dernière modification le 14/10/2013

Voir aussi

D'autres accidents de plateformes :

Deepwater Horizon, Date : 20/04/2010, Lieu : Etats-Unis

Statfjord A, Date : 12/12/2007, Lieu : Norvège

Nowruz, Date : 24/01/1983, Lieu : Iran

Ixtoc 1, Date : 03/06/1979, Lieu : Mexique

Bravo, Date : 22/04/1977, Lieu : Norvège

 

 

Lettre technique mer et littoral, année 2016, n° 44

Lettre technique mer et littoral, année 2009, n° 27&28

Liens externes

AMSA, Fiche accident

Australian Government, Fiche accident

PTTEP Australasia, Opérateur de la plate-forme

APPEA, Australian Petroleum Production & Exploration Association

Galerie photos, theguardian.com

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