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Dispersants

En contribuant à la dissémination du pétrole, les dispersants stimulent et accélèrent la dégradation par le milieu naturel et évitent que le polluant arrive à la côte.

Les dispersants sont des produits tensioactifs qui accélèrent la dispersion naturelle du pétrole par l’agitation naturelle. Ces produits facilitent la dissociation/dissémination des nappes d’hydrocarbure en surface en une multitude de gouttelettes réparties dans la colonne d’eau (de quelques mètres à quelques dizaines de mètres de profondeur).
Les dispersants présentent un double intérêt : d’une part, la dispersion des nappes de surface dans la masse d’eau permet de les soustraire à l’effet du vent, ce qui est important lorsque ce vent porte vers des secteurs écologiquement sensibles. D’autre part, le fractionnement de la nappe en une multitude de gouttelettes facilite la dégradation des hydrocarbures par les bactéries naturellement présentes dans l’eau.

Cependant l’utilisation des dispersants n’est pas une panacée. Ils sont peu efficaces sur des pétroles lourds (visqueux ou vieillis). La décision de les utiliser dans une situation particulière doit être prise rapidement avant que le polluant ne vieillisse : la dispersion est une option des premières heures, tout au plus des premiers jours. Enfin, ils doivent être appliqués par pulvérisation sur les nappes de pétrole.

La toxicité des dispersants

Les dispersants restent entachés d’une image négative. Ils ont été accusés à tort d’être plus toxiques que le pétrole et de déplacer la pollution en faisant tomber le pétrole sur le fond où il constituerait un tapis mortel. En fait les produits dispersants modernes, concentrés et reconnus, sont généralement moins toxiques que les hydrocarbures dispersés.
Le fait de disperser les hydrocarbures entraîne une augmentation de leur toxicité localement et temporairement, le temps que le pétrole dispersé se dissémine dans un vaste volume d’eau pour devenir inoffensif.
Cet effet implique une certaine limitation quant à l’usage de la dispersion près des côtes et des zones sensibles et/ou lorsque les conditions de dilution sont réduites.

La planification de l'emploi des dispersants

L’emploi des dispersants doit avoir été prévu au stade de l’élaboration du plan d’urgence. La plupart des plans prévoit les moyens d’épandage (à partir de bateaux ou par voie aérienne -avion ou hélicoptère-), les stocks de produits judicieusement répartis et distingue également les zones où la dispersion peut être conduite sans danger (libre usage) de celles où l’usage est conditionnel voire interdit.

Les tests des dispersants

Ces produits sont utilisés dans l’environnement naturel. Il est donc logique qu’ils fassent l’objet de contrôles portant sur leur efficacité et/ou leur toxicité et quelquefois sur leur biodégradabilité pour vérifier leur efficacité et/ou leur innocuité. Des procédures visant à les homologuer, agréer ou approuver ont été mises en place dans certains pays.
Ces procédures permettent d’établir des listes de produits autorisés ou recommandés. En France, les méthodes de tests sont normalisées par l’AFNOR (Association Française de Normalisation). Il s’agit de méthodes d’essais relatives aux dispersants marins. Le Cedre est chargé de l’approbation de ces produits depuis 1978. Il mène cette mission dans le cadre d’un groupe de travail, piloté par le ministère de l’Écologie et du Développement durable, composé de représentants de ministères et d’organismes de recherche. Ce groupe de travail établit les critères et seuils de références applicables aux produits testés. La validité des résultats des tests relatifs à un produit est limitée à 5 ans.

Les différents types de dispersants

Aujourd’hui, il existe deux types de produits dispersants :
1. Les conventionnels (deuxième génération), sont des produits anciens à faible teneur en tensioactifs dans des solvants pétroliers non miscibles dans l’eau. Ils sont utilisés sans prédilution. Leur emploi est maintenant très rare. Ils ont été progressivement remplacés par des concentrés.
2. Les concentrés (troisième génération), sont des produits plus récents à plus forte teneur en tensioactifs dans des solvants miscibles dans l’eau. En France, la Marine nationale n’emploie plus que ce type de dispersants. Ils peuvent être épandus purs ou prédilués dans l’eau de mer car ils y sont solubles ou facilement émulsionnables. Leur utilisation sous forme pure est néanmoins préférable car plus efficace notamment lorsque l’huile est vieillie, visqueuse ou difficilement dispersible.
On distingue par ailleurs les dispersants marins et les dispersants d’eau douce.

Les dispersants marins

A l'heure actuelle, en France, les dispersants marins font l'objet d'une procédure de tests qui couvre leur efficacité (méthode NF.T.90-345), leur toxicité (méthode NF.T.90-349), leur biodégradabilité (méthode NF.T.90-346).
Le contrôle d'un nouveau produit débute par le contrôle de son efficacité. Le résultat conditionne l'examen des autres critères.
Cette procédure a été mise en place vers 1978 et révisée en 1988. Depuis 2000, la validité des résultats des tests relatifs à un produit est limitée à 5 ans.
Voir : application/pdf Dispersants marins testés et validés par le Cedre

Les dispersants d'eau douce

Il est apparu nécessaire de développer des dispersants spécifiques à l’eau douce car l’efficacité de ces derniers dépend très souvent de la salinité de l'eau. Les dispersants marins les plus performants donnent en effet de médiocres résultats en eau douce.
 En France, le groupe de travail a défini une procédure de test spécifique comprenant, à l'instar de ce qui se fait pour le domaine marin, un examen d'efficacité, de toxicité et de biodégradabilité.
 
 Pour l'efficacité, la méthode du test en dilution (NF.T.90-345) a été retenue, en adaptant les conditions d'essais (salinité de l'eau, agitation et pétrole). Pour la toxicité, le contrôle est réalisé sur une espèce d'eau douce, le poisson zèbre. Pour la biodégradabilité, les méthodes du domaine marin ont été conservées.
Voir : application/pdf Dispersants eau douce testés et validés par le Cedre

Dernière modification le 06/05/2014

Voir aussi

Journée d'information du Cedre 2011
Le futur de l'emploi des dispersants

Journée d'information du Cedre 1997
Les dispersants et la dispersion des pollutions pétrolières

Bulletin d'information du Cedre n°17
Evolution des techniques d’épandage des dispersants par voie aérienne

Bulletin d'information du Cedre n°13
La dispersion vers de nouvelles limites

Traitement aux dispersants des nappes de pétrole en mer
Traitement par voie aérienne et par bateau. Guide opérationnel. Cedre : 2005, 54 p. 

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