Mesures de prévention des risques
Toute nouvelle immersion de munitions en mer est interdite depuis l’entrée en vigueur en 1975 de la convention de Londres de 1972 sur la prévention de la pollution des mers résultant de l’immersion des déchets, complété par un protocole de 1996 qui interdit spécifiquement toute immersion de munitions.
En adhérant à la convention et au protocole, la France s’est cependant réservé le droit de procéder à l’immersion de munitions "ne pouvant pas être éliminées à terre sans présenter des risques graves pour l’homme et son environnement".
Il semble que la Marine nationale ait cessé toute immersion depuis l’explosion de la gabarre La fidèle, le 30 avril 1997, lors de la préparation d’une immersion de grenades, qui a fait 5 morts.
Le renflouement de toutes les munitions immergées n’est pas pensable : ce serait à la fois trop coûteux et trop risqué. Cela demanderait en outre des unités de traitement à terre, qui n’existent pas aujourd’hui.
Leur pétardage in situ pose le problème pratique de traiter chaque munition individuellement quand elles sont isolées et celui de maîtriser l’explosion lorsqu’elles sont en tas.
Le 22 juillet 1967, le pétardage de la cargaison de munitions du navire polonais SS Kielce, coulé par 27 mètres de fond devant Folkestone, a généré une violente explosion qui a semé un vent de panique sur les plages.
Des guides ont été réalisés dans plusieurs pays, à l’usage des marins, pour leur permettre de reconnaître les plus dangereuses parmi des munitions fortement encroûtées ou fortement dégradées et leur indiquer quoi faire et quoi éviter.
En France, lorsqu’ils remontent une munition à bord, les pêcheurs ont pour instruction d’avertir le sémaphore ou directement le centre de contrôle maritime le plus proche (CROSS). Ce dernier analyse la situation, dirige le cas échéant, le navire vers une zone dédiée, mobilise une équipe de plongeurs/démineurs, pour neutraliser ou pétarder l'engin et si nécessaire fournit un moyen d'évacuation le temps du déminage.
Il arrive que des pêcheurs ne disent rien, pour ne pas perdre de temps, et rejettent la munition à l'eau. Il y a même plus original. Un ancien officier de CROSS nous a signalé le cas de l'explosion dans le port de Port-en-Bessin d'une mine rapportée par un pêcheur dans les années 50 et celui d'un patron de chalutier appelant pour savoir que faire d'une mine pêchée dans une zone où il n'aurait pas dû travailler, soucieux d'éviter un procès-verbal pour pêche en zone interdite.