Introduction
Que faire, en 1918, des millions d’obus remplis d’ypérite entre les mains des belligérants ? Que faire aussi d’une frégate britannique coulée au large de Cherbourg par une torpille allemande, pendant la seconde guerre mondiale, avec son lot de grenades sous-marines à bord ? ...
Pendant de nombreux siècles, les fers des armes et les munitions utilisés pendant un combat, ou abandonnés après, ont été des pointes de flèches, des fers de lances, des lames d’épées, des boulets en pierre ou en fer et divers autres objets inertes, facilement recyclables, vite récupérés, ne posant pas de problème de stockage et sans danger pour l’environnement.
Les guerres du vingtième siècle ont amené des problèmes d’une toute autre nature.
Que faire, en 1918, des millions d’obus remplis d’ypérite entre les mains des belligérants ? Les utiliser pour les tirer n’était plus d’actualité. Les détruire était dangereux et coûteux. Pourquoi ne pas les immerger au large ?
Que faire aussi d’une frégate britannique coulée au large de Cherbourg par une torpille allemande, pendant la seconde guerre mondiale, avec son lot de grenades sous-marines à bord ? La logique économique conseillait de laisser l’épave et ses grenades en place. La même logique économique conseillait d’abandonner dans le lagon de Nouméa les mines sous-marines dont les passes avaient été truffées pour éviter un débarquement japonais.
Allons plus loin. Une simple question de sécurité exclut de fait l'atterrissage d'un bombardier avec ses bombes à bord, encore plus de le faire apponter sur un porte-avions.
Que fait-on alors quand le brouillard a empêché une vague d’assaut de lâcher ses bombes sur l’objectif, allemand pendant la dernière guerre mondiale, serbe pendant la guerre de Yougoslavie ?
La réponse est immédiate : les larguer en mer au retour, mer du Nord dans le premier cas, mer Adriatique dans le second.
Combien en a-t-on largué ainsi dans les derniers conflits : autant que sur les objectifs ou bien beaucoup moins ? Les militaires le savent. Ils ne le diront pas.
On peut aller encore plus loin : en août 1970, le sabordage du LeBaron Russel Briggs, sur un fond de 5 000 m, à 400 km de la côte de Floride, avec à bord 12 000 roquettes contenant 60 tonnes de Sarin, un gaz hautement toxique, a marqué la fin de l’opération CHASE (Cut Holes And Sink’Em), programme d’immersion volontaire de navires de guerre et munitions toxiques déclassés de la marine américaine.
Ce programme et d’autres ont, selon les chercheurs du James Martin Center for Nonproliferation Studies de Monterey, fait immerger entre autres plus d’un million de tonnes de munitions de guerre chimique dans la deuxième moitié du vingtième siècle.
Le principe du "point vert", cotisation payée par le fabricant pour financer le recyclage de l’emballage de son produit, ne s’applique pas au matériel de guerre.