Intervention des barges Egmopol
Le 15 février 1996, la radio nous informe de l’échouement du pétrolier Sea Empress à St Anne’s Head, sur la côte du Pays de Galles, avec 135 000 tonnes de brut « Forties » à son bord. Dès le lendemain, le Sycopol (Syndicat des constructeurs français de matériel de lutte contre la pollution pétrolière) transmet une proposition d’assistance à l’ITOPF (International Tanker Owners Pollution Federation) : le matériel disponible en France peut être expédié sur place avec les moyens humains nécessaires sous 48 heures.
De leur côté, les autorités britanniques mobilisent massivement les moyens disponibles et l’OSRL (Oil Spill Response Limited). La coopérative pétrolière antipollution de Southampton envoie sur zone, dès le 16 février, entre autres matériels, une barge Egmopol de type « DAHSW 1041 », acquise fin 1991.
La barge est mise en service le 19 février à proximité du pétrolier, qui a dans l’intervalle été ramené à un terminal situé à quelques kilomètres à l’ouest de Milford Haven. Un barrage entoure le navire afin de confiner le pétrole s’échappant par les fissures béantes de la coque. Durant les quatre premiers jours, tandis que les opérations d’allégement du navire s’organisent, la barge récupère en moyenne chaque jour 100 m³ de pétrole, à raison de 18 heures de travail journalier.
La semaine suivante, les nappes dérivant dans l’estuaire de Milford et dans le port sont chassées et récupérées par la barge, qui profite de sa mobilité pour se faufiler au fond des criques et des bassins, là où la couche de pétrole est la plus épaisse ; 12 à 15 heures de travail pour deux pleines cargaisons de pétrole déchargées (30 m³) chaque jour dans une péniche transformée en réservoir flottant.
Au vu des résultats obtenus par la barge Egmopol, le MPCU (Marine Pollution Control Unit : unité des gardes-côtes britanniques spécialisée en antipollution maritime) contacte la société Egmo, par l’intermédiaire de son agent écossais Alba international, pour une mise à disposition éventuelle de barges supplémentaires. Le 1er mars, une formule de location avec option d’achat permet le départ de deux barges Egmopol du stock Polmar de Brest pour le Pays de Galles. Elles traversent la Bretagne et le Pays de Galles par la route en convoi exceptionnel.
Les barges françaises arrivent sur zone le 3 mars et sont mises en service, par du personnel d’Alba international, en renfort de celle de l’OSRL dans l’estuaire de Milford et aux environs de Tenby, à une trentaine de kilomètres de Milford Haven.
A marée haute, la récupération du pétrole a lieu dans les ports de Tenby et de Milford et à marée basse, c’est le littoral qui est nettoyé. Chaque jour, trois à quatre cargaisons de pétrole par barge sont ainsi débarquées pour être retraitées. A partir de la mi-mars, le gros du pétrole déversé a été récupéré. Les barges sont progressivement arrêtées, nettoyées et mises de côté.
Conclusion
Les barges Egmopol sont particulièrement à l’aise dans ce type de pollution :
- les eaux abritées du Haven et du port de Tenby permettent à l’Egmolap de travailler très efficacement ;
- la faible épaisseur moyenne des nappes de pétrole justifie le système de décantation à chicanes, qui fonctionne au fur et à mesure de l’écrémage, permettant de décharger du pétrole pur à 50 % au minimum ;
- certains endroits sont difficiles d’accès par terre et par mer. Les capacités de manœuvrabilité et l’autonomie des barges se révèlent alors fort utiles.
Certaines modifications visant à améliorer le confort des opérateurs peuvent cependant être apportées :
- l’éclairage du plan d’eau pour le travail de nuit ;
- le compartiment de stockage étanche pour les affaires personnelles ;
- l’antidérapant du pont à améliorer. Le caillebotis en caoutchouc se révèle glissant quand il est recouvert de pétrole.