Comment agir pour sauvegarder les oiseaux
La mobilisation pour la sauvegarde des oiseaux
Les oiseaux de mer et du littoral sont toujours les victimes les plus évidentes d'une marée noire. Frappant l'imaginaire, les images d'oiseaux englués, approchant d'une mort inéluctable, sont largement utilisés par les médias comme symbole révoltant de ces pollutions. Le sauvetage des oiseaux n'entre pas dans le domaine de compétence du Cedre, mais dans celui d'associations nationales et locales spécialisées dont la principale est la Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO). Celle-ci établit chaque jour un bilan des oiseaux souillés qui sont ramassés sur le littoral suite à des déballastages ou à un accident.
La mobilisation pour le sauvetage des oiseaux a été une composante importante de la lutte contre la pollution de l'Erika. Le Ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement s'y est fortement impliqué à travers son plan de sauvetage des oiseaux mazoutés. Ce plan a été de nouveau mis en œuvre dans la pollution du Prestige.
Le bilan global des découvertes d'oiseaux mazoutés par le fioul de l'Erika a été établi à environ 60 000. Chiffre plus important que les 41263 oiseaux morts et vivants récoltés sur le littoral pollué par le pétrolier Exxon Valdez aux USA en 1989, qui détenait jusqu'à maintenant le titre désolant de marée noire la plus meurtrière pour les oiseaux.
Ce bilan très lourd a donné naissance à deux initiatives majeures :
- la réalisation par la LPO pour intégration dans les plans Polmar départementaux d'un guide de sauvetage des oiseaux : "Soins aux oiseaux mazoutés : guide méthodologique d'aide à la création d'un centre de sauvetage temporaire".
- la création, par la LPO et Bretagne Vivante, de deux unités mobiles spécialisées
Le problème de sauvetage des oiseaux
Comme pour beaucoup d'autres aspects de la lutte contre une marée noire, après la mobilisation généreuse des premières semaines, l'heure des comptes s'ouvre sur de nombreuses interrogations concernant le nettoyage des oiseaux. Les résultats sont-ils à la hauteur des moyens engagés ? Pouvait-on faire mieux ? Sauver plus d'individus souillés quitte à sacrifier les plus atteints pour concentrer les efforts vers d'autres ?
Ces questions ne sont pas propres aux cas de l'Erika et du Prestige : elles sont présentes dans toutes les pollutions marines par hydrocarbures, petites ou grandes.
Le nettoyage des oiseaux et mammifères a longtemps été plus un baume pour la conscience des hommes qu'une opération de réel intérêt écologique, car peu de sujets survivaient plus de quelques jours au stress et aux dommages de l'engluement, de l'intoxication par ingestion d'hydrocarbures et du nettoyage. Mais les techniques et les produits de nettoyage ont été considérablement affinés ces vingt dernières années. Il existe aujourd'hui des équipes spécialisées, capables d'intervenir très rapidement en n'importe quel point du monde, avec du matériel et des produits spécifiquement adaptés aux besoins, recrutant sur place des volontaires pour participer aux opérations. Les animaux ne sont plus relâchés aussitôt nettoyés, mais placés dans des bassins de réaccoutumance à la prise de nourriture et à la nage. Ces cliniques spécialisées parviennent à sauver plus des deux tiers des individus souillés qui leur sont apportés en situation de marée noire.
Des études récentes ont jeté une ombre sur ce tableau positif, en faisant état de mortalités anormalement élevées chez les animaux nettoyés, dans les mois suivant leur retour en milieu naturel. Affectés par la pollution, la capture, le nettoyage, les effets biologiques et physiologiques de l'ingestion et de l'inhalation d'hydrocarbures, certains des individus sauvés n'auraient plus les défenses nécessaires pour survivre dans la nature à leurs prédateurs et compétiteurs habituels. Face à ce problème, les chercheurs travaillent maintenant à suivre de manière précise le devenir des individus sauvés et à développer des procédures, produits et outils plus performants et moins stressants.
Quand c'est possible, la solution de loin la meilleure est d'éloigner au plus vite un maximum d'oiseaux et de mammifères des zones polluées. Des mouvementes de personnes et d'embarcations, des bruits de moteurs, des sirènes, des fusées peuvent être employés à cet effet. Des bouées effaroucheuses, largables depuis un bateau et émettant plusieurs dizaines de sons différents par séquences de 20 à 50 secondes ont été récemment testées avec succès, sans amener l'accoutumance rapide qui intervient avec les autres techniques.
Le sauvetage des oiseaux et mammifères est une composante particulièrement médiatique de la lutte contre une marée noire. Cet aspect particulier ne doit pas masquer qu'elle doit être aussi organisée que toutes les autres composantes de la lutte et soumise comme eux à un bilan de performances.
Que faire si vous trouvez un oiseau mazouté ?
S'il est vivant
Capturez-le en évitant de le blesser. Prenez garde également à ce que lui-même ne vous blesse pas (il ne sait pas que vous lui voulez du bien !). Placez-le dans un carton percé de trous, au fond duquel vous aurez préalablement disposé du journal. Indiquez, du mieux que vous pouvez, l'endroit où vous l'avez trouvé, ainsi que la date. Le centre LPO le plus proche de chez vous ou la Station Ornithologique de l'Ile Grande (02 96 91 91 40) vous indiqueront ensuite où le déposer pour qu'il soit pris en charge. Surtout, n'essayez pas de le nettoyer vous-même.
Les guillemots étant grégaires, il est conseillé, si vous le pouvez, d'en mettre 2 par carton.
S'il est mort
Il est important de pouvoir compter les oiseaux morts, espèce par espèce, afin d'effectuer un suivi écologique. C'est pourquoi il est nécessaire que les cadavres parviennent aux centres de soins. Placez les animaux morts dans un sac plastique. Indiquez, du mieux que vous pouvez, l'endroit où vous l'avez trouvé, ainsi que la date, puis contactez le centre de soins le plus proche de chez vous ou la Station Ornithologique de l'Ile Grande (02 96 91 91 40) ou le centre LPO le plus proche de chez vous (site de la LPO).