Que fait le Cedre ?
Il fait son travail de conseiller technique des autorités Polmar, comme d'habitude. Mobilisé par le Préfet maritime dans l'heure qui a suivi l'échouement, il a envoyé au centre d'opérations marines le responsable de son équipe Intervention, qui a participé à l'établissement des informations nécessaires sur la situation, sur les risques liés au fioul de propulsion et à la cargaison, sur la sensibilité environnementale de la zone. Le PC intervention a été activé pour répondre aux demandes et soutenir le responsable mis à disposition. Une spécialiste de l'observation aérienne a participé l'après-midi du 12 novembre à un survol en hélicoptère de la zone, constatant que la pollution en mer se limitait à quelques irisations dans le sillage du navire.
Le 13 novembre, le Cedre a sollicité Météo France pour deux prévisions de dérives de nappes éventuelles, l'une correspondant à l'échouement du navire et l'autre à son entrée dans le goulet. Ces prévisions ont servi à orienter les reconnaissances aériennes. Le même jour, deux spécialistes du nettoyage littoral ont embarqué avec un environnementaliste de l'Ifremer dans un hélicoptère de la Marine nationale, pour une mission de reconnaissance de la situation sur l'archipel de Molène. Ils ont rencontré l'adjoint au maire et visité les criques où des taches de goudron avaient été observées. Leurs observations ont établi que l'impact restait limité à de petites taches de fioul ne dépassant pas au total une surface couverte de 5 m2, la dimension d'un déballastage, comme il en arrive malheureusement plusieurs en mer d'Iroise chaque année. Compte-tenu de l'importance des marées et de la nature des sites, ils n'ont pas proposé d'ouverture de chantier de nettoyage, sauf si des remobilisations devaient intervenir dans les jours à venir.
Le même jour, le Cedre est parti à la recherche téléphonique d'informations sur le seul produit catalogué comme dangereux de la cargaison : 60 fûts d'additif catalytique en provenance du Mexique, dans un conteneur de 20 pieds. Cela s'est révélé un produit de protection contre l'encrassement de brûleurs d'installations thermiques, à base de diesel, en provenance d'Europe, qui était retourné par le client mexicain pour défaut de conformité à la commande. Trois heures après le lancement de la recherche, la fiche de données de sécurité, aimablement fournie par le distributeur français du produit, était entre les mains des autorités concernées, confirmant qu'il n'y avait aucun danger à entrer le navire dans le port de Brest. Vous penserez peut-être que le capitaine du navire aurait pu avoir cette fiche entre les mains. Cela aurait fait gagner du temps à tout le monde. Il se trouve que la réglementation internationale ne l'impose pas.
Le Cedre a mis un spécialiste à disposition de la Marine nationale le 14 novembre pour par un survol par hélicoptère du port de commerce et de l'entrée de rade, en vue de vérifier l'absence de pollution visible, puis une équipe pour un contrôle sur l'eau autour du navire à quai. A l'ouverture des travaux dans la forme de radoub, contacté par l'exploitant, il a fourni des conseils techniques et les références d'une société d'intervention spécialisée, qui a été mobilisée le jour même. Il a ensuite mis son plateau technique et ses moyens à disposition pour le nettoyage du matériel utilisé. C'est resté au total une petite intervention, pour un incident heureusement mineur. Mais cette petite intervention a quand même demandé des disponibilités de spécialistes et de moyens pendant plus d'un mois calendaire, dans le cadre de notre mission Polmar d'assistance aux préfet maritimes, en relation opérationnelle étroite avec la commission d'études pratiques antipollution de la Marine nationale et le port de commerce de Brest.