Déroulement de la lutte
Du début du remorquage au lundi 9 juillet 2007, date de remise en flottaison du navire, les quantités d’hydrocarbures perdues sont estimées à 50 tonnes d’IFO 380 et 150 tonnes de diesel marine. De plus, jusqu’à la fin des opérations de traitement de l’épave, un mélange de résidus d’hydrocarbures, d’eaux huileuses et d’huile de lubrification sera déversé dans des quantités variables suivant le type d’opération. Tous déversements confondus, c’est un total de 302 tonnes qui sera perdu par le MSC Napoli en 2007. L’échouage du navire en baie de Lyme génère donc un risque significatif de pollution par hydrocarbures. Le personnel et le matériel de l’administration (MCA) ainsi que des stocks privés sont mobilisés rapidement. Nombre de ces équipements sont sur site dès le 20 janvier.
Une surveillance aérienne et des moyens antipollution sont activés pour protéger les zones sensibles, d’une part, autour du navire lui-même et, d’autre part, en barrant de façon préventive les rivières Axe et Brit. Aucun déversement significatif ne survient mais des pollutions mineures sont traitées rapidement durant le pompage des hydrocarbures à bord. La plus importante, estimée à 9 tonnes, survient le 23 janvier. à l’issue d’un essai de traitement positif, une tonne de dispersant sera épandue. Le pétrole qui s’échoue sur le littoral en petite quantité est souvent associé à des débris provenant de conteneurs éventrés. Les hydrocarbures et débris souillés sont récupérés par DRS Demolition (société mobilisée par l’armateur) puis envoyés dans des sites d’élimination approuvés par le ministère de l’Environnement britannique.
La MCA constate qu’une seule cuve de carburant renfermant 200 m3 est endommagée et pas entièrement vidée. Elle décide de procéder à l’allègement des 3 512 tonnes d’IFO et 152 tonnes de diesel marine restants. Pour ce faire, Smit International chargé de l’opération fait intervenir le pétrolier caboteur Forth Fisher. Le pompage commence le 23 janvier (près de la moitié de la cargaison est pompée durant le week-end) et se poursuit jour et nuit, jusqu’au 6 février dans les citernes et diverses caisses du bord. La viscosité du fioul nécessite un réchauffement préalable et l’utilisation d’injection annulaire d’eau. Des plongeurs obstruent une fuite sur des tuyaux le 25. Cette opération écarte le risque de pollution majeure et une partie des moyens de lutte est démobilisée. Seuls sont maintenus les moyens nécessaires pour faire face à des pollutions mineures. Ces mesures seront renforcées ponctuellement, par la suite, lors du renflouement ou de l’utilisation d’explosifs en juillet.
Côté français, fin janvier, soit dix jours après l’échouage du MSC Napoli, la pollution atteint le littoral nord de la Bretagne et fait l’objet de reconnaissances par des agents de l’EPIF (équipe Pilote Intervention-Formation) du Cedre. Des galettes, dont certaines d’un diamètre proche du mètre, et des boulettes viennent souiller les plages de plusieurs communes finistériennes et costarmoricaines, de manière sporadique durant une dizaine de jours et sur un linéaire d’environ 100 km. Le fioul est amalgamé à de petits sachets plastiques renfermant des biscuits chocolatés.
Les soupçons qui pèsent sur le MSC Napoli quant à l’origine de ces arrivages sont rapidement confirmés par l’analyse chimique du fioul (réalisée par le LASEM - Laboratoire d’analyses de Surveillance et d’Expertises de la Marine - et le Cedre) mais aussi par le fabricant des biscuits qui confirme au Cedre la présence d’un tel chargement à bord du navire (250 000 sachets). Ces arrivages correspondent aux fuites de fioul et à la chute de conteneurs survenues lors des premières heures et durant le remorquage alors que le navire se trouvait encore à l’entrée de la Manche. Les reconnaissances aériennes quotidiennes ne permettent pas de repérer ces arrivages diffus en mer, en dehors de quelques rares irisations qui se dispersent naturellement. Un réseau d’observation et d’alerte se met en place via la mobilisation de pêcheurs professionnels, de la SNSM (Société Nationale de Sauvetage en Mer) et des sémaphores.
Le plan Polmar-terre n’est pas déclenché. Les communes ont la charge des opérations de nettoyage, essentiellement réalisées manuellement. Début mars, des reconnaissances menées conjointement par les représentants d’une société privée ayant participé au nettoyage, des experts techniques de l’ITOPF (International Tanker Owners Pollution Federation) mandatés par l’armateur et des agents du Cedre concluent à la propreté des plages et à l’inopportunité d’entreprendre des opérations de nettoyage supplémentaires sur les estrans rocheux, où ne subsistent plus que des taches résiduelles et sporadiques de fioul vieilli.
Vigipol, le syndicat mixte de protection du littoral breton, puis la commune de Perros-Guirec et la région Bretagne décident de porter plainte pour pollution de la côte bretonne.