Assistance et remorquage
La Marine nationale française, qui coordonne les opérations, mobilise de très importants moyens : en premier lieu, de Brest, le RIAS (remorqueur d’intervention, d’assistance et de sauvetage) Abeille Bourbon est rapidement sur zone ainsi que le BSAD (Bâtiment de Soutien, d’Assistance et de Dépollution) Alcyon, chargé de récupérer les éventuels conteneurs tombés à la mer. Un autre BSAD, l’Argonaute, est mis en alerte, paré à intervenir. Un remorqueur britannique l’Anglian Princess est aussi dépêché sur zone.
En relation permanente depuis le début de l’incident, dans le cadre du Manche Plan, le SOSREP (Secretary of State’s Representatives for Maritime Salvage and Intervention) et le préfet maritime de l’Atlantique décident, après une première évaluation, que le navire doit être pris en remorque. à 17h30, l’armateur du navire, Zodiac Maritime Agencies signe un contrat de sauvetage avec un consortium constitué de SMIT Salvage, Klyne Tugs et les Abeilles International. Les mauvaises conditions météo (rafales de 80 km/h) rendent le passage de la remorque périlleux, mais sept heures après l’appel à assistance, le remorquage peut commencer et l’attelage progresse à très petite vitesse (2,5 nœuds) vers l’est.
Où amener ce géant de 275 mètres de long et doté d’un tirant d’eau de 14 m ? En raison de la direction de la houle et des vents, Brest ne peut accueillir le MSC Napoli. Les autorités maritimes françaises et le SOSREP doivent donc trouver un autre site refuge plus abrité en Manche et doté des infrastructures portuaires suffisantes, soit du côté français (Cherbourg ou Le Havre), soit du côté britannique (Falmouth Road, Lyme Bay). L’option la moins risquée d’un point de vue environnemental est de remorquer le navire dans un lieu de refuge sur la côte anglaise. Une fois cette solution acceptée par les autorités, le navire fait route vers une zone abritée entre Falmouth et Portland.
Le 19 janvier à 6h15, la remorque casse. Le navire dérive jusque vers 11h00 quand il est repris par l’Abeille Bourbon. Il est rejoint par l’autre RIAS de la Marine nationale, en provenance de Cherbourg, l’Abeille Liberté, qui passe à son tour une remorque. Le porte-conteneurs se trouve alors à proximité des îles anglo-normandes dans la zone de responsabilité de la Préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord. L’équipe d’évaluation de la Marine nationale, hélitreuillée à bord l’après-midi en vue de tenter de débloquer le gouvernail et d’évaluer l’état du MSC Napoli, confirme deux brèches, situées de chaque côté de la coque à hauteur du château ainsi que l’inondation de la salle des machines. La citerne latérale bâbord fuit et une nappe d’hydrocarbures de 5 km de long par 100 m de large marque le sillage du navire. La même journée, la MCA prend le contrôle des opérations.
La sensibilité environnementale des baies de Lyme et de Weymouth est étudiée par l’EG (Environment Group) anglais. Dans la soirée, compte tenu du renforcement du mauvais temps, la décision est prise d’abriter le navire en baie de Lyme, site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Au matin du 20 janvier, le salvage master à bord du MSC Napoli informe le SOSREP que l’état du navire se dégrade encore. Il prend de la gîte sur tribord, l’arrière s’enfonce et le risque qu’il coule est réel. à la pleine mer de midi, sur décision du SOSREP, la MCA échoue le MSC Napoli sur un banc de sable à environ 2 km de la station balnéaire de Sidmouth, en attente d’opérations d’allègement et de sécurisation préalables à un éventuel remorquage vers le port de Portland en vue d’y décharger les conteneurs. L’Argonaute se rapproche avec 1 000 mètres de barrage pour parer à une éventuelle pollution. Un MRC (Marine Response Centre) est établi dans les locaux du MRCC de Portland et le MV Valour est affrété pour assister l’Argonaute.
Tandis que l’Alcyon est à la recherche d’un conteneur, repéré en mer par un avion des Douanes françaises, les moyens navals sur zone (le remorqueur britannique Anglian Princess et l’Argonaute français) sont renforcés par le BSR (bâtiment de soutien de région) Elan, en provenance de Cherbourg et équipé d’un dispositif de remorquage de conteneurs. L’Abeille Liberté, l’Argonaute et l’Elan restent à la disposition des autorités anglaises dans le cadre de l’accord de coopération franco-britannique,le Manche-Plan. Le câblier privé Ile de Bréhat, équipé pour la récupération d’hydrocarbures, basé à Brest et sous contrat de pré-affrètement avec l’AESM (Agence Européenne pour la Sécurité Maritime), est équipé pour un éventuel appareillage.
Le lundi 22, une zone d’exclusion d’un rayon de 3 nautiques (5,6 kilomètres) et d’une altitude de 2 000 pieds (610 mètres) est instaurée autour et au-dessus de l’épave.