Vingt ans, puis trente ans après
En 1998, vingt ans après la catastrophe, les derniers travaux de suivi écologique montrent encore des traces de déséquilibres dans certaines populations benthiques des fonds de baies les plus touchées. Mais, pour le tourisme, la pêche et toutes les autres activités économiques, la marée noire de l'Amoco Cadiz n'est plus qu'un lointain souvenir. On avait craint des effets à long terme sur certaines espèces, le développement de cancers chez les animaux qui avaient survécu, une réduction de leurs capacités de reproduction, une fragilisation des générations nées après la pollution. Les suivis scientifiques n'ont rien confirmé dans ces domaines. Une multitude d'effets complexes, difficiles à interpréter, ont été observés, qu'il serait bien hasardeux d'attribuer à la seule pollution de l'Amoco Cadiz quand d'autres facteurs sont venus interférer année après année sur les équilibres économiques et écologiques du littoral.
D'autres marées noires sont intervenues, la demande touristique a évolué, les techniques et les priorités de la pêche ont changé, de nouveaux déversements de polluants urbains et agricoles sont apparus dans les bassins versants et sur la côte. L'épave est devenue un refuge pour poissons et crustacés, un lieu d'exploration pour les plongeurs confirmés. Les touristes venus voir Portsall se font photographier devant l'ancre du navire, scellée comme un symbole sur le terre-plein du port. La marée noire de l'Amoco Cadiz fait maintenant partie de l'histoire.
En 2008, trente ans après la catastrophe, le souvenir de l'Amoco Cadiz a été remplacé chez beaucoup par les souvenirs bien plus récents de l'Erika et du Prestige. Les protagonistes de l'affaire l'Amoco quittent l'un après l'autre la scène professionnelle. Leurs voix deviennent difficilement audibles. Pourtant, ce qu'ils ont à raconter reste d'une étonnante actualité.
C'est pour cela que le Cedre a publié "Amoco Cadiz, mémoires vives", recueil d'entretiens avec les plus emblématiques de ces "anciens combattants" de l'Amoco.