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X‐Press Pearl

Nom
X‐Press Pearl
Date de l'accident
20/05/2021
Lieu
Sri Lanka
Zone du naufrage
à l'approche du port de Colombo
Zone du déversement
Pleine mer
Cause de l'accident
Incendie
Produit transporté
350 tonnes de carburant, 1 486 conteneurs contenants des produits chimiques dont des corrosifs (acide nitrique, soude caustique) et des réactifs (méthanol), et des conteneurs de Granulés Plastiques Industriels (GPI) ~11 000 t
Nature polluant
Hydrocarbure, produits chimiques, résidus de cargaison brûlés, et Granulés Plastiques Industriels. Nature des GPI : divers polymères dont polyéthylène (PE) et polypropylène (PP)
Type de navire / structure
Porte-conteneurs
Date de construction
2021
Pavillon
Singapour
Armateur
X‐Press Feeders
Numéro IMO
9875343

Rappel des faits

Le X‐Press Pearl, mis en service en février 2021, est un cargo porte‐conteneurs appartenant à la compagnie singapourienne X‐Press Feeders. Il transportait 1 486 conteneurs contenant entre autres de l'acide nitrique, de la soude caustique, de la résine époxy, de l’urée, des produits alimentaires et divers biens de consommation ainsi que des conteneurs de granulés plastiques industriels (GPI). Selon l’armateur, il y avait à bord environ 350 tonnes de produits pétroliers y compris 320 tonnes d’Intermediate Fuel Oil (IFO 380) pour la propulsion.

Le 20 mai, alors qu'il est à l'approche du port de Colombo (Sri Lanka), une émission de fumées est signalée à bord. La situation qui semblait sous contrôle dérape le 25 mai. Une importante explosion entrainant un incendie et la perte d’environ 14 conteneurs (tombés à l’eau), motive l’évacuation de l'équipage. Des billes de plastique et de nombreux autres débris commencent alors à se déposer sur les plages de l’ouest et du sud du Sri Lanka.

L’incendie, attisé par des vents violents, sévit du 25 mai au 2  juin et s’éteint de lui‐même après avoir dévasté l’intégralité du navire entrainant la perte de nombreux conteneurs et ce malgré les nombreuses tentatives de refroidissement menées par des navires sri lankais et indiens

Le 2 juin, une fois l’incendie éteint, une tentative de remorquage est menée vers un lieu où l’impact d’un déversement serait limité, mais rapidement, le navire coule.

Le 6, les autorités sri‐lankaises font appel à l'assistance européenne, en sollicitant l'acheminement de matériel et d'expertise (sur place et à distance) par les Nations Unies.

Le 17 juin, le X‐Press Pearl coule totalement. Il repose alors par 21 m de profondeur

 

 

 

 

Deux experts du Cedre missionnés par les Nations-Unies pour une mission d’évaluation et de conseil aux autorités du 16 au 29 juin 2021

Sollicité par les Nations-Unies, le Cedre a immédiatement répondu positivement et proposé deux experts : Camille Lacroix, Cheffe du service Surveillance et Etudes des Déchets Aquatiques et Stéphane Le Floch, chef du service Recherche. Ils ont rallié Colombo le mardi 15 juin et intégré immédiatement une mission coordonnée par les Nations‐Unies (UNEP*/OCHA** Joint Environment Unit).

 

 

Très expérimentés dans les domaines des pollutions par hydrocarbures, produits chimiques et par les plastiques, les deux experts ont eu pour mission d’établir une première évaluation des capacités et besoins en termes de lutte face aux risques et impacts environnementaux de cet événement. Cette mission incluait de conseiller techniquement les autorités sri lankaises sur les actions de lutte antipollution envisageables et de définir un programme de suivi permettant d’évaluer l’impact environnemental sur le moyen et long terme

 

 

Pollution du littoral

 

Deux zones principales ont été touchées par la pollution issue du X‐Press Pearl : une située à l’ouest et l’autre au sud du Sri Lanka.

La zone située à l’ouest, la plus proche de la zone de l’accident, concerne le district de Gampaha, zone d’importance pour la pêche et l’aquaculture. Les arrivages de polluant y ont été massifs et concentrés sur quelques km : débris de grande taille, nombreux granulés de plastique ainsi que des « morceaux » de plastiques brulés de toutes tailles

 

 

 

 

 

  

 

 

La zone située au sud concernant le district de Matara a elle été affectée par la dérive, sur 100 km, d’un conteneur qui finissant par s’échouer, a déversé sa cargaison de sacs de granulés plastiques. La majorité de ces sacs sont restés entiers alors que d’autres ont répandu leur contenu. On a également retrouvé quelques morceaux de plastiques fondus sur cette zone.

A l’automne 2021, les autorités Sri Lankaises ont indiqué que plus de 750 km de littoral avaient été touchés allant de la côte Nord-Ouest à la côte Sud. Immédiatement après l’accident, l’arrivée importante de GPI sur les côtes sri lankaises a été telle que sur certains sites, les dépôts dépassaient les 2 m de hauteur. De plus, du fait des conditions météorologiques particulières dans cette région avec notamment l’inversion de courants lors de la mousson, la dissémination probable des GPI vers les côtes somaliennes et des Maldives a été envisagée.

 

Techniques et nettoyage du littoral

 

Aucune opération de lutte en mer n’a pu être mise en œuvre lors de l'accident du X-Press Pearl, seulement des opérations de nettoyage sur la côte.

Des reconnaissances ont rapidement été mise en place afin d’identifier les zones impactées et le niveau de la contamination. Un code couleur a été mis en place (comme dans le cas du Trans Carrier) afin d’indiquer l’état de contamination des sites et suivre précisément l’avancé des opérations de nettoyage :
- Contamination forte (Rouge) : présence de GPI sur des zones étendues du site et sur tous les niveaux de l’estran, présence de GPI enfouis, présence de recontaminations temporelles successives, et plus de 30 g de GPI récoltés en 2 minutes par un opérateur ;
- Contamination moyenne (Orange) : présence de GPI sur des zones étendues du site, pas de GPI enfouis, pas de recontamination temporelle marquée, et entre 5 et 30 g de GPI récoltés en 2 minutes par un opérateur ;
- Contamination faible (Jaune) : présence de GPI mais ne recouvrant pas de larges zones spatiales du site, pas de GPI enfouis, pas de recontamination temporelle marquée, et moins de 5 g de GPI récoltés en 2 minutes par un opérateur.

Les techniques de nettoyage employées ont évolué au fil du temps. Au départ, principalement manuelles, elles se sont mécanisées et diversifiées.

Les phases de nettoyage sont coordonnées par la « Marine Environment Protection Authority (MEPA) » du Sri Lanka  avec le soutien des forces armées sri lankaises et l’aide technique d’ITOPF et de l’OSRL, permettant le nettoyage de 250 sites à la date du 25 juin 2021, avec pas moins de 500-1000 personnes déployées par jour.

Lors des opérations de nettoyage, plusieurs techniques sont testées dont :

- le ramassage à la main (à l’aide de pelles),

- la séparation des GPI des sédiments par tamisage,

- la séparation des GPI des sédiments par flottaison.

De façon plus sporadique, des trommels ainsi que des cribleuses permettant la séparation des GPI de la couche de surface du sable ont été utilisées mais aucune information concernant l’efficacité de ses méthodes n’est disponible à notre connaissance.

 

 

 

En comparaison des autres accidents maritimes impliquant un déversement de GPI, la spécificité du X-Press Pearl réside dans l’incendie qui a touché la cargaison et généré de grandes quantités de plastiques fondus ou brûlés, de taille et de masse variables. Les opérations de nettoyage ont mis en avant le challenge lié à la récupération de ces plastiques brûlés qui pour certains sont de très petites tailles. Ils apparaissent plus fragiles que les
plastiques vierges et ils sont susceptibles de se fragmenter sous l’effet des vagues ou des opérations de collecte ou de séparation, diminuant l’efficacité de récupération des techniques classiques telles que la flottaison ou la séparation par tamisage. La présence des plastiques brulés affecte également l’efficacité de la reconnaissance. En effet, les GPI sont relativement identifiables sur les plages tandis que les plastiques brûlés, de couleur sombre, peuvent être confondus avec des particules naturelles.

Une étude sri lankaise a montré que le brûlage des GPI pouvait aussi en modifier la distribution en mer et la localisation des échouages. En effet, les GPI/plastiques brûlés ont été observés sur une zone réduite de 50 km alors que les GPI « intacts » ont été retrouvés tout le long des côtes. Les agglomérats de GPI formés par le feu sont plus flottants que les GPI « intacts », limitant la probabilité de mélange dans la colonne d’eau sous la surface. Le transport côtier par les vagues et le vent étant les plus forts à la surface de l'océan, les particules les plus flottantes ont probablement été transportées sur le littoral le plus rapidement, limitant ainsi le temps disponible pour leur dispersion, ce qui explique que les GPI/plastiques brûlés aient été trouvés sur une zone restreinte. Une fois sur le rivage, les processus de déferlement des vagues pourraient expliquer une fragmentation accrue du plastique brûlé plus fragile, et donc la présence de petits et grands morceaux sur la plage.

La sélectivité lors de la collecte des déchets à également diminué au fil du temps, du fait d’une présence moins importante de débris sur le littoral. Les déchets alors collectés devront être de nouveaux triés pour en éliminer un maximum de sable.

Les déchets récupérés lors des opérations de nettoyage du littoral ont été conditionnés en sacs puis stockés en haut des plages, mis en conteneurs, puis transférés vers un lieu de stockage géré par les autorités.

Les organisateurs du nettoyage des côtes sri lankaises ont conclu de l’impossibilité de récupérer l’entièreté des GPI déversés. Après 18 mois de nettoyage, les opérations sont encore en cours.

 

 

 

Évaluation de l'impact de la pollution

 

Les autorités sri lankaises ont effectué de nombreux prélèvements de GPI pour quantifier leurs concentrations en métaux et composés chimiques (e.g. hydrocarbures aromatiques polycycliques - HAP ...), cependant, les
résultats ne sont pour l’instant pas disponibles.

Suite à l’accident, des mortalités de tortues, de poissons et des mammifères marins ont été relevées bien que la relation de cause à effet avec le déversement de GPI n’a pu être clairement démontrée à ce jour. Les mortalités pourraient être liées aux déversements des autres produits présents à bord du X-Press Pearl (ex : acide, soude caustique). La présence de GPI dans des animaux morts a été observée mais il n’est pas possible de savoir
si ces animaux ont ingérés ces GPI lorsqu’ils étaient vivants ou déjà morts.

Voir aussi

Notre communiqué de presse du 14.06.2021

Liens externes

X-Press Pearl Incident Information Centre : site de l'armateur sur l'accident

La page de l'UNEP sur l'accident et le rapport de la mission de juillet 2021

RUBESINGHE C., BROSCHE S., WITHANAGE H., et al. X-Press Pearl : a new kind of oil spill. A toxic mix of plastics and invisible chemicals. Suède : International Pollutants Elimination Network (IPEN), 2022. 36 p.

Sewwandi M, Hettithanthri O, Egodage SM, Amarathunga AAD, Vithanage M. Unprecedented marine microplastic contamination from the X-Press Pearl container vessel disaster. Science of The Total Environment. 2022, vol. 828, p.154374

de Vos A, Aluwihare L, Youngs S, DiBenedetto MH, Ward CP, Michel APM, et al. The M/V X-Press Pearl Nurdle Spill: Contamination of Burnt Plastic and Unburnt Nurdles along Sri Lanka’s Beaches. ACS Environ Au. 2022, vol.2, n°2, p.128‑35

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