Wakashio
- Nom
- Wakashio
- Date de l'accident
- 25/07/2020
- Lieu
- Ile Maurice
- Zone du naufrage
- Au sud de l'Ile Maurice sur un récif corallien
- Zone du déversement
- Zone littorale
- Cause de l'accident
- Echouement
- Quantité transportée
- 3 800 t de fioul VLSFO, 200 t de diesel marin, 90 t de lubrifiant
- Type de navire / structure
- Vraquier
- Date de construction
- 2007
- Longueur
- 299 m
- Largeur
- 50 m
- Tirant d'eau
- 17,9 m
- Pavillon
- Panaméen
- Propriétaire
- Okiyo Maritime Corporation
- Armateur
- Nagashiki Kisen KK
- Affréteur
- Mitsui OSK Lines
- P&I Club
- Japan P&I Club
- Numéro IMO
- 9337119
L'accident
Le 25 juillet 2020, le vraquier Wakashio , sous pavillon panaméen et armé par un équipage de 20 personnes, fait route à vide entre Singapour et le Brésil, quand il s’échoue sur un récif corallien à 1,3 mille nautique de la pointe d’Esny, au sud-est de l’île Maurice. L’équipage est sain et sauf, mais le navire est en mauvaise posture : échoué sur son arrière, il ne peut se dégager seul. Le Wakashio étant lège, le principal risque pour le milieu marin vient de ses soutes : 3 800 tonnes de fioul à très basse (<0,5 %) teneur en soufre (VLSFO- Very Low Sulfur Fuel Oil) auxquelles s’ajoutent 200 tonnes de diesel marin et 90 t de lubrifiant.
Aucune fuite n’est observée dans l’immédiat. Par précaution, les autorités mauriciennes activent le plan national de lutte antipollution et alertent un certain nombre de pays étrangers, dont la France en raison de sa proximité géographique (Ile de la Réunion). Par ailleurs, elles recherchent des remorqueurs suffisamment puissants pour être en mesure de déséchouer le navire.
Trois jours après le naufrage, les garde-côtes mauriciens détectent de faibles fuites d’hydrocarbures dans le lagon et déploient préventivement des barrages antipollution autour du Wakashio. Les moyens humains et matériels rallient progressivement la zone et, au 3 août, sont présents sur place les experts de la société SMIT Salvage (société de sauvetage), 2 remorqueurs et un supply dépêchés par l’armateur ainsi qu’un remorqueur (VB Cartier) mis à disposition par les autorités françaises. Malgré les moyens sur place, le déséchouement du navire se révèle impossible.
L'échouement s'est produit dans une zone écologiquement sensible, à proximité d'un parc marin et de zones humides d'importance internationale. C'est aussi une destination touristique très prisée.
La lutte antipollution
Le 6 août, la situation se dégrade : le navire fuit franchement et une nappe d’hydrocarbure est observée en surface. La quantité est estimée à 400 tonnes. Le même jour une cellule de crise est activée par le préfet de zone de défense et de sécurité du sud de l’océan Indien réunissant plusieurs acteurs dont l’AEM (Action de l'État en Mer), les FAZSOI (Forces Armées dans la Zone sud de l'Océan Indien), la DM SOI (Direction de la Mer Sud de l’Océan Indien), le CROSS (Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage), l’État-major de zone de défense.
À ce stade, les risques pour la Réunion semblent limités. Cependant, le commandant de la Zone Maritime du Sud de l’Océan Indien demande au Cedre la pré-alerte des acteurs du comité de dérive.
Dans le même temps, dans le cadre du plan de lutte sous-régional pour les pays de l’Océan indien occidental contre les pollutions du milieu marin par les hydrocarbures, du matériel est acheminé par les autorités françaises vers l'Ile Maurice, par voies aérienne et maritime (à bord du Bâtiment de Soutien et d’Assistance Outre-Mer - BSAOM, le Champlain), dont 800 m de barrage manufacturé, des récupérateurs, des absorbants, des pompes...
Les deux tiers du stock POLMAR-Terre de la Réunion sont ainsi mis à disposition des autorités mauriciennes, le stock POLMAR-Mer étant quant à lui préservé dans l’éventualité d’une pollution atteignant les eaux françaises. Le 9 août, les fissures qui sont observées depuis quelques jours le long de la coque s’élargissent significativement et menacent l’intégrité du Wakashio. On commence à parler de ne remorquer qu’une partie du navire.
Le lendemain, en plus du matériel, 11 experts français sont déployés en soutien sur place pour lutter contre une pollution dont le volume a été réévalué : on parle maintenant de 500 à 1 000 m3.
Le pompage de ce qui reste à bord commence. La plus grosse partie du fioul a été pompée le 12 août. À la fin des opérations, la société de sauvetage annonce avoir retiré 3 200 tonnes du Wakashio, ce qui laisse à penser que la quantité déversée est de l’ordre de environ 600 m3. Des doutes apparaîtront cependant plus tard quant à ce chiffre.
Le nettoyage des côtes commence et implique de nombreux volontaires locaux. La société bretonne Le Floch Dépollution est mandatée par l’armateur du navire pour prendre en charge les opérations de dépollution du littoral.
Le 13 à la Réunion, un expert du Cedre rejoint les experts du CEPPOL arrivés la veille. Ils sont intégrés à la « cellule de crise Wakashio» sous l’égide du Préfet de la ZDSOI (Zone de Défense Sud de l'Océan Indien). Les fissures continuent de s’agrandir sur l’épave.
Le 15, le Wakashio se casse en deux lors d’une tentative de remorquage.
Le 17, le Cedre et le CEPPOL arrivent à Maurice. Ils vont participer aux travaux de la cellule de crise nationale, chacun dans leur domaine. Le conseiller du Cedre procèdera notamment à des reconnaissances du littoral, en particulier de la zone de mangrove, et fournira aux autorités mauriciennes un rapport assorti de préconisations pour le nettoyage.
Le 17 toujours, la partie arrière est remorquée vers le large. Les autorités mauriciennes envisagent une océanisation, ce qui n’est pas l’option préconisée par les autorités françaises. La France, par la voix de son ambassadeur, exprime cette position aux autorités mauriciennes. Le courrier indique que si cette option est cependant retenue, plusieurs conditions devront être réunies. Les prévisions de dérive effectuées à partir de plusieurs positions géographiques par le comité de dérive animé par le Cedre, ont contribué à l’établissement de certaines de ces conditions.
Les sauveteurs continuent de s’activer sur la partie arrière, avec l’objectif de la débarrasser de tous les éléments polluants.
L’immersion de la partie avant commence le 20 août, les opérations de dépollution préalables ayant été réalisées par SMIT Salvage. La partie avant est coulée au large, à quelques 8 000 milles marins de la côte sud-est, le 24. Elle repose désormais sur le fond marin. La partie arrière est toujours sur place, avec une gîte aux alentours de 10° et les opérations de dépollution par SMIT Salvage se poursuivent.
Les experts du Cedre et du CEPPOL sont de retour à la Réunion le 25, puis rentrent à Brest.
Les actions du Cedre
En plus de la mission sur place, le Cedre a apporté depuis Brest son soutien aux autorités françaises et mauriciennes via :
- la mise en relation des membres du comité de dérive. Ce comité, en l’absence de menace avérée pour la côte réunionnaise, regroupe des experts d’Ifremer, de Météo-France et du SHOM. Ce comité a effectué des prévisions de dérive à partir de l’épave et a travaillé sur les scénarios possibles en cas d’océanisation de l’avant du navire ;
- l’analyse de polluant prélevé par les autorités mauriciennes, en vue de caractériser ce dernier et de confirmer que les arrivages à la côte étaient comparables entre eux et provenaient bien du Wakashio ;
- une étude sur les propriétés absorbantes des cheveux. De nombreuses sollicitations sont en effet parvenues au Cedre quant à l’opportunité d’utiliser des barrages absorbants fabriqués à partir de cheveux. Ce genre de moyen de fortune a été utilisé à Maurice, suscitant un fort engouement, y compris médiatique, et de nombreuses propositions d’envoi de stocks de cheveux sur l’île ont été faites. Bien que l’initiative puisse être saluée, les résultats ont malheureusement montré que le pouvoir absorbant des cheveux était limité, mais surtout qu’ils étaient très hydrophiles et se chargeaient rapidement en eau et coulaient avant même d’avoir absorbé le pétrole.
Décembre 2020
Aucune pollution n’a touché les côtes de la Réunion. La partie arrière du Wakashio est toujours échouée à Maurice, des solutions de démantèlement sont à l’étude.
Le 5 novembre, le contrat de démantèlement a été attribué par l’armateur au prestataire chinois Lianyungang Dali Underwater Engineering. Il est prévu que les travaux démarrent en décembre 2020 avec une fin espérée au printemps 2021. La société Le Floch Dépollution est toujours sur place et assure le nettoyage du littoral.
Le Cedre reste en contact avec les autorités réunionnaises et mauriciennes.
Voir aussi
De nombreuses questions concernant l’emploi des cheveux en tant qu’absorbant du pétrole flottant sur l’eau nous sont posées. Plus d'info :
Le lundi 10 août 2020, conférence de presse à l’ambassade de France par le Premier conseiller, Jean Lohest.
Autre échouement et pollution dans la même zone : le vraquier Benita le 17 juin 2016. Page 9 de la Lettre Technique Mer et Littoral.
Journée technique du Cedre du 15 novembre 2018 : Les déversements d’hydrocarbures en milieux tropicaux (mangrove, coraux)
Accidents sur des récifs coralliens :
- Solar 1 le 11.08.2006 aux Philippines
- Shen Neng 1 le 03.04.2010 en Australie
Échouement du vraquier Wakashio à Maurice. Bulletin d’information du Cedre, 2020 n° 41, pp. 26-27
Liens externes
Informations de l'OMI sur cet accident