Southern Star 7
- Nom
- Southern Star 7
- Date de l'accident
- 09/12/2014
- Lieu
- Bangladesh
- Zone du naufrage
- Au sud du port de Mongla, rivière Shela (Sundarbans), delta du Bengale
- Zone du déversement
- Zone littorale
- Cause de l'accident
- Collision
- Produit transporté
- Fioul lourd (furnace oil)
- Quantité transportée
- 350 tonnes
- Nature polluant
- Fioul lourd (furnace oil)
- Quantité déversée
- 350 tonnes
- Type de navire / structure
- Pétrolier
L'accident
Le 9 décembre 2014, le petit citernier Southern Star 7, après être entré en collision avec un autre navire à proximité du village de Jaymoni, dans un épais brouillard, coule au sud du port de Mongla. Suite à cet accident, la totalité de sa cargaison, se déverse, soit 350 tonnes de fioul lourd (furnace oil, assimilable à un IFO 380) dans la rivière Shela. C’est une des nombreuses rivières du delta du Bengale qui abrite la plus grande mangrove du monde, connue sous le nom de Sundarbans. Cette zone géographique constitue un espace naturel très fragile, dont la richesse et la biodiversité de première importance lui confèrent un double statut de protection au plan mondial, l’un au titre de la convention RAMSAR, l’autre au titre du patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette région concentrent l’essentiel des dauphins de l’Irrawaddy, espèce rare en voie d’extinction ainsi que des tigres du Bengale. La mangrove, une des plus importantes au monde, procure de nombreuses ressources à la population locale. C’est la première pollution de cette ampleur au Bangladesh, dans un site particulièrement sensible.
La demande d'assistance
Le 15 décembre 2014, redoutant un sévère impact de la pollution sur l’environnement de la mangrove (sanctuaire de dauphins protégés) et sur la population qui en tire sa subsistance, le gouvernement du Bangladesh demande une assistance technique aux Nations Unies via le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) afin de lutter contre la pollution et d’en évaluer les impacts.
Le lendemain, le gouvernement français assure officiellement son homologue bangladais de la solidarité de la France face à cette catastrophe et lui propose, s’il le juge utile, de mettre à sa disposition l’expertise du Cedre. Un expert du Cedre est envoyé sur le terrain le 20 décembre, à la demande de Mme Ségolène Royal, ministre de l'Écologie du Développement durable et de l'Énergie. Un autre expert du Cedre part, le même jour, dans le cadre du mécanisme de protection civile de l'Union Européenne auprès de l'équipe de Nations Unies pour l'évaluation et la coordination en cas de catastrophe. Cette mission est coordonnée par le PNUD, afin d’apporter assistance et conseils aux autorités du Bangladesh, dans la gestion et la réduction des impacts de la pollution accidentelle engendrée par le naufrage du navire.
Constat de la pollution
Dès leur arrivée, les experts du Cedre constatent une pollution stabilisée, d’une intensité faible, sans accumulations visibles de polluant (flottantes ou échouées). L’impact limité de la pollution s’explique par différents facteurs, dont :
- le volume initial déversé relativement modéré,
- de forts courants de marée, favorisant l’auto-nettoyage de la zone concernée,
- un coefficient et un cycle de marée favorables au moment de la collision (pas d’inondation de la mangrove qui se produit souvent lors de très grande marée), qui associés à la présence de falaises le long des rives ont empêché l’extension de la pollution dans la mangrove,
- l’arrêt du trafic maritime dans la rivière Shela, décision prise par les autorités très rapidement après l’accident.
Lutte
Dans les heures qui suivent l’accident, le Département des Forêts (DF) du Ministère de l’Environnement et des Forêts (MoEF) organise les opérations de lutte avec le support de la Marine navale indienne, puis le lendemain, le nettoyage des rives, cette fois avec l’aide des communautés locales. Le DF décide de rémunérer le fioul récupéré. L’emploi de dispersants, envisagé, est rapidement abandonné, du fait des impacts potentiels sur la faune et la flore. Le gouvernement bangladais, est vivement critiqué par les médias car les opérations de récupération du fioul ne commencent que 4 jours après la collision et impliquent trop peu de personnels, la marée noire s’étendant sur environ 80 kilomètres de côtes.
La population locale prend part activement à la collecte du polluant, ce qui a certainement permis de récupérer une partie non négligeable et donc de limiter l’impact et l’extension de la pollution sur l’environnement. Mais cette collecte se fait en grande partie, sans Equipement de Protection Individuelle (inexistant au Bangladesh), à l’aide de seaux et de chiffons, ce qui occasionne des symptômes d’intoxication pour les opérateurs.
La collecte du fioul se fait également sur l’eau :
- fermeture des entrées de chenaux et petites rivières par des filets, piégeant le fioul,
- collecte du polluant grâce à des filets utilisés habituellement pour pêcher les crevettes ou les poissons,
- recours à la végétation flottante, la jacinthe d’eau, pour attraper et ensuite essorer le fioul,
- mise en place d’une file de pirogues, disposées en oblique, pour bloquer la pollution.
La problématique de la gestion de ces déchets est relativement peu connue.
Impacts
On ne constate pas d’hécatombe au niveau de la faune. L’impact sur la mangrove reste lui aussi limité. Cependant l’impact sur la population, vivant essentiellement de la pêche, récolte et chasse est important, en particulier pendant les deux semaines suivant l’accident : perte de revenus, perte de nourriture, perte de moyens de pêche (filets souillés ayant servis à la collecte de fioul).
Voir aussi
Bulletin d'information du Cedre, 2016, n° 34, p. 4-11
Lettre Technique Mer - Littoral, 2014, n° 40
Liens externes
Rapport final de la mission des Nations Unies et du gouvernement du Bangladesh (mission d’experts formée sous la coordination de l’UNEP), en anglais
Fiche accident de la NOAA, en anglais