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Power Barge (PB 103)

Nom
Power Barge (PB 103)
Date de l'accident
08/11/2013
Lieu
Philippines
Zone du naufrage
Estancia, Ile de Panay, province d'Iloilo
Zone du déversement
Zone littorale
Cause de l'accident
Conditions météo
Quantité transportée
1 385 tonnes
Nature polluant
Fioul lourd
Quantité déversée
500 tonnes
Type de navire / structure
Barge
Longueur
65 m
Opérateur
NAPOCOR (National Power Corporation)

L’accident

Le 8 novembre 2013, aux Philippines, suite au passage du super typhon Haiyan (appelé localement Yolanda)d’une rare violence, avec des vents atteignant jusqu’à 275 km/h, la Power Barge PB 103, s’échoue sur le rivage de la ville d’Estancia. Il s’agit d’une barge de production d’électricité flottante de 32 mégawatts, chargée de 1 400 m3 de fioul lourd, exploitée par la société NAPOCOR (National Power Corporation) qui s’est arrachée de son mouillage, situé au sud d’Estancia (commune de la province d’Iloilo sur l’Ile de Panay).

L’urgence est alors avant tout humanitaire et l’ensemble du pays est mobilisé. Le typhon a occasionné un grand nombre de victimes et causé la destruction de nombreuses habitations. Le 30 décembre, le ministère des affaires sociales et du développement et le conseil pour la réduction et la gestion des risques de catastrophe nationale dressent un bilan dramatique :

  • 14,1 millions de personnes touchées par le typhon
  • 4,1 millions de personnes déplacées
  • 1,1 million d’habitations endommagées
  • 6 155 décès enregistrés et 1 785 personnes portées disparues.

La lutte antipollution s’organise dans ce contexte délicat, en termes de disponibilité de    moyens humains et logistiques mais aussi techniques (les routes sont encombrées de débris et l’acheminement de matériel compliqué) et sanitaires (de nombreux riverains vivent sur le lieu de la pollution).

 

 

La lutte en mer et à terre

L’équipage de la barge effectue les premières mesures d’urgence avec la mise en place d’un barrage ceinturant l’épave, mais des citernes endommagées au moment de l’accident laissent fuir le fioul qui va massivement  polluer le quartier de Botongon, à proximité de la zone portuaire d’Estancia, sur un kilomètre vers le nord. Le changement de direction du vent dans les jours suivants, va pousser la pollution qui s’étendra jusqu’à 10 km au sud. Tous les types de côtes sont touchés : sable, rochers et mangroves.

Les opérations de lutte commencent le 11, menées par une quarantaine de personnes de la PCG (Philippines Coast Guard) qui a apporté des équipements de lutte supplémentaires. Ces renforts en matériels de confinement et de récupération sont constitués de barrages flottants, pompes, écrémeurs (2), camions à vide, groupes de puissance… Les opérations de lutte en mer et à terre sont difficiles à cause des très nombreux débris générés par le typhon. Des barrages sont installés autour de la barge pour confiner le polluant. Un examen de la structure est effectué. Une centaine de riverains sont recrutés et rémunérés pour nettoyer le littoral. Un petit pétrolier l’Obama est positionné dans le port en vue de l’allègement de la barge et du stockage de fioul collecté.

Début décembre le fioul restant dans le réservoir de la barge est pompé et stocké dans l’Obama pour évacuation. Le 16 décembre, les opérations de récupération du pétrole sur l’eau s’achèvent et l’EMB (Environmental Management Bureau) du Ministère de l’Environnement indique qu’approximativement 470 tonnes ont été récupérées des réservoirs de la barge et environ 340 tonnes de polluant sont récupérées aux alentours de la barge et dans le port, grâce aux barrages mis en place. Ces estimations portent, à priori, à environ 500 tonnes la quantité qui s’est échappée dans le milieu dont au moins 200 tonnes à proximité immédiate (dans le quartier de Botongon).

 

 

Des opérations de ramassage manuel sur le littoral, à l’aide de seaux et d’écopes, impliquant les résidents, sont entreprises. La collecte manuelle des débris et du polluant mobilise jusqu’à 300 personnes dans le port d’Estancia. Une grande quantité de paille de riz, ressource locale très facile à se procurer, est utilisée comme absorbant et améliore ainsi les opérations de ramassage.

 

 

Dix jours après l’accident, on observe une extension de la pollution pétrolière malgré les moyens de confinement mis en place. Vers le 21, la société privée Kuan Yu Global Technologies Inc. (KYGT) est chargée par la PSALM Corp. (Power Sector Assets and Liabilities Management Corporation), agence d’Etat s’occupant du domaine de l’énergie et NAPOCOR, de l’allègement de la barge, du renflouement de l’épave, du nettoyage du littoral et des déchets jusqu’à leur élimination finale.

Le représentant du département de la santé recommande le port de masque pour le personnel de lutte afin de se protéger des composés volatils légers contenus dans l’air dus à l’évaporation du fioul. Le gouvernement des Philippines se charge de l’envoi des masques afin d’améliorer la protection des travailleurs. En effet, les travailleurs sont exposés par contact au polluant et par inhalation aux fractions volatiles, les équipements de protection appropriés faisant défaut au démarrage des opérations.  

 

 

L'assistance

Dès le 9, le gouvernement philippin accepte l’offre d’assistance internationale proposée par les Nations Unies, à travers 2 organismes : l’OCHA (Office for the Coordination of Humanitarian Affairs) et l’UNEP (United Nations Environment Programme). Le 10, une première équipe de 25 experts est mobilisée.

La population vit essentiellement des produits de la pêche, il est donc essentiel de récupérer dans les plus brefs délais l’accès à la mer. La lenteur des progrès du nettoyage et les craintes d’éventuels changements climatiques, la barge fuyant toujours, conduisent le 22, l’EMB à demander officiellement une assistance internationale. Celle-ci est apportée via une initiative conjointe de l’UNEP-OCHA et de l’Office Humanitaire des Communautés Européennes (ECHO), à travers son centre opérationnel (ERCC). Dans le cadre de cette activation du Mécanisme Communautaire de Protection Civile, un expert du Cedre est mobilisé du 28 novembre au 23 décembre, auprès des autorités des Philippines. Il réalise des reconnaissances de l’extension et de l’intensité de la pollution et établit des recommandations pour les opérations de nettoyage ainsi que sur l’évaluation de l’impact environnemental.  

Le 4 décembre, une équipe de 8 personnes de la garde côtière japonaise réalise une mission d’assistance. Celle-ci concerne l'ajustement des barrages, le stockage des déchets autour de la barge et la mise à disposition de matériel.

 

 

Du 16 au 24 décembre, un expert de l’ITOPF (International Tanker Owners Pollution Federation Ltd) se rend sur place, pour le compte de l’assureur de la barge et évalue l’état de la pollution et les travaux de nettoyage.

 

L'impact

D’après des prélèvements d’air pour analyse, effectués mi-novembre, la pollution atmosphérique atteint des niveaux critiques selon le département de la santé. Son représentant recommande le déplacement de la population proche du site de l’accident, vers un site d’évacuation temporaire. Cette opération est réalisée dans l’urgence. Au total plus de 500 familles seront déplacées et hébergées dans des structures de fortune pendant une quarantaine de jours.

Le fioul lourd est mélangé à une grande quantité de débris divers dus au passage du typhon. Des mangroves sont atteintes mais très faiblement (environ 3 à 4 hectares au sud), les arbres ont été défoliés de façon importante mais ceci est du aux vents. Aucune dépollution ne sera nécessaire, les mangroves sont laissées en l’état, au nettoyage naturel. Aucune mortalité des produits de la mer n’est observée, le polluant s’étant déposé sur la partie supérieure du littoral non colonisée par la  faune.

Une des principales difficultés de cette pollution, est liée à la gestion des déchets. Il n’existe pas sur l’île, de centre de traitement des déchets industriels agréé, ni d’industrie capable de traiter ces déchets souillés, ni même de centre d’enfouissement. Une autre difficulté tient au volume de déchets et débris liés au typhon et souillés par le fioul à des degrés divers et récupérés. Ils sont stockés dans le port de Botongon à Estancia ou en haut de plage.

Au delà du port et de la commune d’Estancia, un linéaire de côte d’environ 10 km, en aval de l’échouement est contaminé, la pollution y est peu importante et discontinue.

 

L'indemnisation

La PSALM Corp. met rapidement en place un fonds d’environ 1,5 million de pesos philippins, soit environ 28 540 euros, afin d’indemniser les familles ayant été obligées d’évacuer le lieu de l’accident et un fonds d’environ 500 000 pesos philippins, soit environ 9 513 euros, afin d’indemniser les familles victimes de la pollution. Une plainte collective a été déposée par les riverains, à l’encontre des agences gouvernementales concernées et la société KYGT, accusées de « négligences » et de « mesures antipollution inefficaces ».

Dernière modification le 26/06/2018

Voir aussi

Intervention aux Philippines. Bulletin d’information du Cedre, 2015, n°33, pp. 4-11

Lettre technique Mer et Littoral, 2013, n°38

Liens externes

Rapport initial (en anglais) de l'UNEP/OCHA

Rapport (en anglais) de l'OCHA, concerne essentiellement la partie humanitaire de l'intervention suite au passage du typhon

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