Pollution générée par l'explosion du Limburg
Constatation de l'expert du Cedre au cours de la mission organisée du 8 au 15 octobre 2002 par le gouvernement français.
Suite à l'explosion dont a été victime le pétrolier « Limburg » près du terminal de Ash Shihr (Yémen) le dimanche 6 Octobre 2002, le ministère des Affaires Étrangères français a décidé l'envoi sur place d'une mission d'enquête composée de trois membres du Bureau Enquêtes Accidents (Mer) dépendant du ministère des Transports dans le but d'enquêter sur les circonstances de l'accident, et d'un agent Cedre afin d'évaluer les conséquences de la pollution générée par l'explosion et le brûlage de 12 000 tonnes de brut Arabian Heavy. La mission est arrivée sur site (Al Mukalla) le mardi 8 octobre dans l'après-midi.
Après une réunion avec le ministre des Transports et celui de l'Environnement et du Tourisme, un plan de travail a été défini : investigations sur le terrain, constitution d'un plan d'action, mise en ouvre de ce plan.
Les observations, tant aériennes (trois survols) que terrestres (six reconnaissances) ont permis de délimiter la zone touchée, qui s'étendait sur 70 km, de l'aéroport de Riyan (à l'Ouest du terminal pétrolier) au bourg de Mayfaa (en allant vers le Sud-Ouest).
Les zones touchées étaient discontinues avec des intensités dans l'ensemble faibles à moyennes. Des sites très localement fortement touchés étaient voisins de portions de côte indemnes de pollution. Le volume estimé à terre correspondait à quelques centaines de mètres cubes (300 à 400 m³), constituées de résidus de brûlage, denses et visqueux. Il existe une possibilité de présence de nappes immergées, surtout à proximité des côtes proches du terminal (eaux riches en sédiments), compte tenu de la densité élevée des résidus de brûlage. La pollution se présentait sous la forme de boulettes, galettes et plus rarement de taches de quelques mètres de diamètre.
En mer, de longues bandes irisées et argentées ont été observées, parallèles à la côte jusqu'à quelques nautiques de celle-ci. Quelques zones (au large de Burum) montraient cependant des nappes brunes d'une longueur de quelques nautiques pour une dizaine de mètres de large correspondant à un volume compris entre 5 et 10 m³ de brut émulsionné, relargués par le navire après l'incendie.
Le volume dérivant en mer a été estimé à une trentaine de mètres cubes, le navire ne laissant échapper que quelques irisations lors du dernier vol, le lundi 14 octobre 2002.
Le plan d'action a consisté à établir un zonage des côtes par intensité de pollution et par faciès. Des priorités de nettoyages ont été faites d'un commun accord entre les experts de l'International Tanker Owners Pollution Federation Limited (ITOPF), de l'Oil Spill Response Limited (OSRL), de Nexen, des représentants yéménites et du Cedre. Ce plan a intégré la formation d'équipes de nettoyage et le nettoyage prioritaire des plages et des zones rocheuses accessibles ayant un intérêt récréatif ou économique.
Une centaine d'ouvriers appartenant à une société locale de travaux publics ont été formée par les techniciens de l'OSRL, tandis que l'ITOPF a fait appel à la société française Le Floch Dépollution pour former les intervenants en zone rocheuse.
Un centre de commandement a été établi à Al Mukalla, sous l'autorité du capitaine de port, conseillé par les deux experts dépêchés par l'OMI.
En conclusion, cette pollution est apparue comme modérée en intensité, avec quelques points plus affectés. D'un premier abord et hors d'investigations plus poussées, il n'y a pas eu d'oiseaux ou de poissons morts observés, seule la colonie de crabes (« ghosts crabs »), colonisant les longues plages de sable, semble avoir été sévèrement atteinte. Le Plan d'Action mis en ouvre sous l'autorité du Centre de Commandement de Al Mukalla, devrait être l'occasion pour les autorités yéménites de réfléchir à l'élaboration d'un Plan d'Action National.