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Jessica

Nom
Jessica
Date de l'accident
16/01/2001
Lieu
Equateur
Zone du naufrage
Wreck bay, archipel des Galapagos
Zone du déversement
Zone littorale
Cause de l'accident
Echouement
Quantité transportée
600 tonnes de fioul léger (FOD) + 300 tonnes de fioul intermédiaire (IFO 120)
Nature polluant
Fioul léger (FOD) et fioul intermédiaire (IFO 120)
Quantité déversée
Environ 600 tonnes
Type de navire / structure
Pétrolier
Date de construction
1971
Lieu de construction
Nisaii Dock Co. Ltd (Japon)
Longueur
68 m
Tirant d'eau
4,5 m
Pavillon
Equatorien
Propriétaire
Aestramar
Armateur
Iles Marshall

Cette synthèse a été réalisée à partir d'informations en provenance d'agences de presse, de sites Internet de journaux équatoriens, de diverses ambassades et des premiers éléments récoltés sur place par notre ingénieur mobilisée dans le cadre de l'équipe d'intervention européenne. Il peut y avoir des erreurs ou omissions. Nous vous demandons donc de prendre ces données avec la plus grande prudence.

 

Circonstances de l'accident

Le navire avait été affrêté par la société Acotramar, en remplacement d'un autre pétrolier en panne, le Doris, de la société Martipa, pour alimenter deux dépôts aux Galapagos. Il s'est échoué mardi 16 janvier 2001, entre 500 et 800 mètres de l'île de Cristobal, en route vers le port de Baquerizo Moreno. Le capitaine du navire n'avait pas la qualification nécessaire à un voyage jusqu'aux Galapagos avec un navire de cette taille. Il a reconnu le 26 janvier, devant la commission d'enquête, avoir commis une imprudence : ayant vécu 10 ans à Baquerizo Moreno, mais n'y étant pas retourné depuis 7 ans, il a négligé de vérifier sur les cartes les changements intervenus dans le balisage des approches du port.

Au moment de l'accident, le navire était à mi-charge, avec 600 tonnes de fioul léger (FOD, densité comprise entre 0,80 et 0,85) et 300 tonnes de fioul Intermédiaire (IFO 120, viscosité de 120 cSt à 50°C). Il n'avait pas la licence pour transporter le second produit. Il n'était pas assuré pour le risque de pollution.

Les premières informations sur l'accident donnaient un déversement de 600 tonnes. D'autres informations signalent qu'il ne resterait plus à bord que quelques dizaines de mètres cubes de fioul. Le littoral de l'île de Cristobal a été touché très rapidement. Des nappes se sont mises à dériver vers l'ouest en direction de l'île de Santa Fe, qui abrite des colonies de veaux marins (lobos) et d'iguanes marins. Certaines pourraient menacer les îles de Santa Cruz et d'Isabela, qui abritent en outre des colonies de pélicans.

 Navire

Nom

Jessica

 Construction

Nisaii Dock Co. Ltd (Japon)

Type

 Pétrolier

 Port en lourd

2000 tonnes

Citernes

10 cuves

Longueur hors tout

68 m

 Tirant d'eau

4,5 m

Moteur

Daikatou - 1500 chevaux

Capacité des soutes

71 tonnes

Pavillon

Equateur

Propriétaire

Aestramar

Armateur

Iles Marshall

Le navire et sa cargaison

L'étalement du FOD est très rapide et 600 m³ relachés instantanément vont occuper une surface importante. Les sources équatoriennes donnent des chiffres compris entre 300 et 1200 km2. L'évaporation de ce produit est en général rapide, autour de quelques dizaines d'heures suivant les conditions locales ( température, vent, agitation du plan d'eau). Cependant l'impact du FOD n'est pas négligeable en particulier si le produit frais impacte des récifs coralliens, des mangroves, des marais ou de la végétation littorale (aspect de " grillé " caractéristique après quelques jours).

Le fioul intermédiaire IFO 120 est constitué de fioul lourd IF 380 (380 cSt à 50°C) coupé de FOD, afin de diminuer sa viscosité jusqu'à la valeur désirée. Une fois déversé, le fioul va s'étaler de manière moins importante que le FOD. Dans le même temps, le FOD qui le compose s'évapore. L'hydrocarbure vieilli sera par là même de viscosité plus importante.

Hormis les atteintes physiques des organismes touchés, les intoxications du fait des composés chimiques de l'IFO 120 dépendent de la composition en composés aromatiques lourds du produit de base IFO 380. Nous ignorons les résultats des analyses chimiques à ce jour.

Mesures prises et assistance extérieure

La réponse à la pollution est placée sous l'autorité de la Direction Générale de la marine marchande, avec participation du parc national des Galapagos (pour les conséquences) et du ministère de l'Environnement. Le gouvernement équatorien a mobilisé une première enveloppe de 2 millions de dollars pour faire face aux frais de lutte et lancé un appel à l'aide extérieure pour limiter les impacts sur la faune et la flore. 400 000 dollars de l'enveloppe ont été affectés à l'intervention d'une équipe de l'US Coast Guard (USCG) et de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), qui sont arrivés dimanche 21 janvier. Des équipements de lutte pourraient être prochainement envoyés, si nécessaire, par la coopérative pétrolière Clean Carribean Coopérative, qui a dépêché un logisticien sur place.

Les informations disponibles signalent des opérations de pompage-récupération de ce qui reste dans l'épave, la mise en oeuvre de 1000 m de barrages absorbants et l'utilisation de 12 mètres cubes de dispersants.

Impacts potentiels

Les Galapagos ont un climat marqué par deux saisons. La saison de janvier à juin (saison chaude) est caractérisée par des températures de l'eau de 25°C et de l'air comprise entre 23 et 30°C. Les vents dominants soufflent du nord-est. Cependant des variations sont possibles en fonction de la présence ou non du courant froid de Humboldt qui peut faire tomber la température de l'eau à 18°C, même en période " chaude ". L'île de San Cristobal, qui possède un petit port, est surtout peuplée de beaucoup d'oiseaux marins (fous, albatros, pélicans), de mammifères (otaries) et de reptiles (iguanes).

Les journaux équatoriens sont assez rassurants sur les risques potentiels, rappelant en particulier que les grandes tortues des Galapagos sont terrestres et que les albatros nidifient sur l'île d'Española, la plus méridionale de l'archipel, d'avril à novembre. Ils ne signalaient à la date du 26 janvier que 7 pélicans, une mouette et quatre jeunes veaux marins en traitement par les équipes de nettoyage. Mais, compte-tenu de l'importance écologique de la zone et de la menace existante, le gouvernement a cependant fait appel à l'aide internationale.

Les dépêches des agences de presse internationales ont été beaucoup plus inquiétantes, voire alarmistes, annonçant des risques de catastrophe écologique qui ont été qualifiés par plusieurs de " sans précédent " pour diverses espèces d'oiseaux de mer, d'iguanes marins, de tortues marines. Les envoyés spéciaux dépêchés sur place n'ont pour l'instant confirmé aucun dommage grave.

Assistance européenne

Après une prise de contact avec le gouvernement équatorien, la Commission européenne a fait partir le 24 janvier, en mission d'évaluation des besoins, une équipe de trois spécialistes de la lutte antipollution : un Espagnol, un Britannique et, avec le soutien du ministère de l'Aménagement du Territoire et de l'Environnement, un ingénieur du Cedre.

L'équipe a tenu des réunions de travail à Quito les 25 et 26 janvier avec les ministères responsables avant de se rendre à San Cristobal le 27 janvier, puis à Isabela le 29 et Santa Cruz du 30 janvier au 2 février. Elle a participé à des reconnaissances aériennes effectuées par l'avion du parc national des Galapagos et rencontré des spécialistes de la NOAA et de la station de recherche Charles Darwin, qui mènent des investigations terrestres sur le littoral. Elle n'a pas vu, ni eu de communication de pollutions autres que des lignes d'irisations et des boulettes de goudron éparses au large d'Isabela, Floreana et Santa Cruz, ainsi que des boulettes de goudron sur quelques plages, en particulier près de Puerto Vilamil. Mais la couleur noire de la roche basaltique rend extrêmement difficile toute observation aérienne précise de la pollution littorale et de petites pollutions localisées pourront être découvertes dans les semaines à venir.

Les pêcheurs et des volontaires travaillent au ramassage des boulettes devant le littoral et sur les plages affectées, avec des moyens en partie spécialisés (absorbants en tapis ou en poudre -tourbe-), en partie de fortune (bouteilles plastiques coupées en deux, filets à base de moustiquaire).

Un besoin de formation de personnel à la lutte contre un déversement accidentel d'hydrocarbures et de préparation, sous la forme d'un plan d'urgence adapté, a été mis en évidence dans les discussions, qui se poursuivies sur ce thème avec le ministère de l'Environnement, au retour à Quito, le 3 février.

Au total, les experts européens confirment l'analyse établie dès le 23 janvier par l'institut Charles Darwin : les impacts de cette marée noire sur l'écosystème des Galapagos ne devraient pas présenter de caractère de gravité. La taille modérée du déversement, la mobilisation nationale et internationale, les vents et les courants ont contribué à éviter une catastrophe. Il est à souhaiter que l'avertissement soit retenu et que des précautions sérieuses soient prises à l'avenir pour les transports d'hydrocarbures à destination de l'archipel.

Dernière modification le 28/03/2001

Voir aussi

Bulletin d'information du Cedre, N°15 : "Naufrage du Jessica aux Galapagos"

Liens externes

La Fondation Charles Darwin, Site dédié à la diffusion d'informations sur la richesse (faune, flore... ) des Galapagos et sur la conservation du patrimoine de ces îles.

NOAA provides oil expertise in Galapagos islands spill, Dossier spécial naufrage du Jessica

LPO, Fiche accident.

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