Synthèse du département du Finistère
La mobilisation (décembre 1999 - janvier 2000)
Les premières traces de pollution atteignent la côte sud du département le 24 décembre, de la pointe de la Torche à l'embouchure de la Laïta (Clohars-Carnoët), sous forme de boulettes et de galettes pouvant atteindre 50 cm de diamètre. Le plan POLMAR-Terre est déclenché ce même jour par le Préfet. Le 26, une reconnaissance par hélicoptère n'indique pas de fortes accumulations d'hydrocarbures le long du littoral. Le 27 décembre, un survol constate des galettes éparses sur tout l'archipel des Glénans ainsi que deux nappes, l'une de 150 mètres de diamètre, l'autre de 300 x 80 mètres. Le 29 décembre, un autre survol montre aux Glénans une pollution caractérisée par quelques plaques dans la laisse de haute mer (île de Saint-Nicolas) et des éléments de végétation souillés (île de Penfret).
Afin d'éviter l'intrusion d'hydrocarbures dans les cours d'eau, des barrages flottants sont positionnés le 25 décembre à l'embouchure du Merrien, le 26 sur l'Aven, le 27 sur le Belon, le 28 à Doélan, le 29 à Brigneau et le 30 à Loctudy. Un dernier barrage vient compléter le dispositif le 10 janvier à Port-la-Forêt.
L'organisation
Suite au déclenchement du plan POLMAR-Terre le 24 décembre, le Poste de Commandement Fixe (PCF) est activé à Quimper, dans les locaux de la Préfecture. Deux Postes de Commandement Avancés (PCA) sont implantés à Concarneau et Pont-l'Abbé le 26 décembre.
Les moyens humains
Le 28 décembre, 52 sapeurs-pompiers du département interviennent sur les plages souillées pour débuter le nettoyage grossier. Le 29 décembre, 48 militaires viennent les épauler. Le maximum de personnel est présent le 30 décembre : 150 personnes sont en activité sur les chantiers du Finistère (hors personnel communal, DDE et bénévoles). Les effectifs décroissent ensuite progressivement du fait de la faiblesse des nouveaux arrivages au cours du mois de janvier.
Les moyens matériels
Des barrages flottants sont installés en priorité dans les abers abritant des activités conchylicoles afin de protéger la ressource. Ce travail est assuré par le personnel de la DDE, avec l'appui de bateaux de pêcheurs professionnels et de la SNSM. Leur maintenance est réalisée à partir d'embarcations légères de type vedette et demande des efforts constants car le matériel est soumis à des conditions hydrodynamiques particulièrement défavorables.
Le port du Guilvinec constitue la préoccupation majeure pour les responsables du secteur de Pont-l'Abbé lors des tous premiers jours de la marée noire. Le but est alors de le conserver opérationnel pour la vente à la criée, de façon à ce que les pêcheurs puissent poursuivre leur activité en période de fêtes.
La société TotalFinaElf prend en charge les opérations de nettoyage sur l'ensemble du littoral de la commune de Moëlan-sur-Mer et sur la partie rocheuse de Clohars-Carnoët. Les opérations débutent dès le mois de janvier et vont s'inscrire dans la durée puisque des chantiers sont toujours activés au mois de septembre.
Le conseil technique et environnemental
Un comité de suivi se réunit pour la première fois le 15 février, sous la présidence du Préfet du Finistère. Cette réunion est l'occasion de faire le rappel des moyens opérationnels mis en œuvre depuis le début de la pollution, le bilan écologique et le point sur les indemnisations. Deux autres réunions ont lieu les 2 et 29 juin.
Afin de préparer au mieux les opérations de nettoyage fin, en définissant les techniques les mieux appropriées, les sites pollués font l'objet d'expertises. Les premières visites ont lieu à partir de la mi-janvier et sont réalisées par le Cedre, la DIREN, les experts du FIPOL et les responsables des PCA.
Le sauvetage de la saison touristique (février - juin 2000)
Le choix des sites prioritaires
Les arrivages de polluant sur l'ensemble de la côte sud du Finistère, en février, entraînent une révision des priorités d'actions initialement définies.
Les opérations de nettoyage sont programmées en priorité sur les plages susceptibles d'accueillir des touristes pendant l'été.
L'évolution des chantiers et des effectifs
Les effectifs augmentent à nouveau à partir du début de février car les efforts doivent être repris pour traiter la deuxième vague de pollution. Ils se stabilisent à 60 personnes de mi-février à fin mars, période à laquelle un niveau supérieur est atteint avec environ 100 personnes à pied d’œuvre. Cette seconde augmentation est due à l'intervention de personnes employées en contrat à durée déterminée par les communes sur les fonds POLMAR (baptisés CDD POLMAR) et ne reflète pas forcément de nouveaux arrivages massifs d'hydrocarbures.
Le nettoyage fin
La phase de nettoyage fin, et notamment le ramassage d'hydrocarbures en haut de plages, commence à la fin du mois de mars. Elle est menée parallèlement aux actions de nettoyage des substrats durs à l'aide de nettoyeurs haute-pression et eau chaude.
Quelques essais de cribleuses de plage sont tentés de façon ponctuelle mais sans apporter les résultats escomptés, aggravant même dans certains cas la situation en fragmentant les boulettes. L'essentiel du nettoyage fin sur le sable est donc réalisé manuellement.
Les réceptions des chantiers privés sur les communes de Clohars-Carnoët et Moëlan-sur-Mer, financés par TotalFinaElf, commencent dans le courant du mois de juin.
Tous ces efforts permettent l'ouverture de toutes les zones de baignade au public, au vu des résultats d'analyses de sable et d'eau effectuées par la DDASS à la fin du mois de juin.
Les travaux d'été (Juillet - Août 2000)
La réduction des effectifs
La saison estivale se traduit par une diminution des effectifs et par un allègement du dispositif POLMAR. La section de militaires en action depuis le 22 février est désengagée le 29 juin. A ceci s'ajoute l'arrêt de l'intervention des sapeurs- pompiers du département. Les mois de juillet et d'août ne voient donc plus que l'intervention des personnes en CDD (150 mois sont alloués sur le département). Leur nombre varie entre 25 et 33 pendant la première quinzaine de juillet et passe ensuite à 59 jusqu'à la fin du mois d'août.
L'évolution des chantiers
La plus grosse phase de nettoyage passée, les secteurs à traiter ne constituent plus un linéaire élevé et ne présentent pas de quantités de polluant importantes.
Les barrages en place continuent d'être entretenus et ceux qui sont relevés sont prêts à être déployés rapidement.
Les travaux d'automne
Les travaux automnaux concernent les zones où la pollution résiduelle n'est pas encore traitée et sont réalisés par des personnes en CDD POLMAR.
A partir du mois de septembre, les chantiers activés se concentrent sur les zones rocheuses difficiles d'accès des communes de Moëlan-sur-Mer et Clohars-Carnoët, et occupent 21 CDD. Ils se terminent entre le 19 septembre et le 4 octobre.
Les 15 CDD présents à la mi-octobre sont employés par la commune de Concarneau pour traiter les rochers du Cabellou. Ce chantier s'achève à la fin du mois de novembre. Du 27 novembre au 15 décembre, la commune de Trégunc fait intervenir sur son secteur 14 CDD.
D'autre part, les communes de Trégunc et Fouesnant recrutent 5 CDD chacune pour une durée de deux semaines à partir du 15 janvier 2001 afin de nettoyer les zones rocheuses et végétalisées restant à traiter.
Au 24 novembre 2000, l'ensemble des barrages flottants est démonté et transféré au centre POLMAR de Brest.
Le bilan de la lutte
Le linéaire touché
Le secteur de Concarneau, et notamment sa partie est, a été plus touché que le secteur de Pont-l'Abbé qui a souffert dans une moindre mesure des arrivages de polluant.
La gestion des déchets
Les déchets collectés du 3 au 27 janvier 2000 ont été transférés sur le site de stockage intermédiaire de Caudan (Morbihan) avant leur expédition en Loire-Atlantique dans les sites de stockage lourd. Ces déchets représentent une quantité de 1 390 m³. Le site de Caudan n'a plus été utilisé pour les déchets du Finistère après le 27 janvier et a été fermé le 3 février. Au 4 mai 2001 la quantité totale des déchets était de 3 000 tonnes.