Synthèse du département de la Vendée
La mobilisation (Décembre 1999 - Janvier 2000)
Le 17 décembre, une réunion des services concernés (DDAM, DDAF, DDE, DRIRE, DDASS.), à l'initiative du sous-Préfet des Sables d'Olonne, permet de faire le point des risques de pollution ainsi que des moyens et de l'organisation à mettre en œuvre. Le 19, le bateau baliseur du service maritime de la DDE positionne deux corps- morts à l'entrée du port des Sables d'Olonne en vue de l'installation d'un barrage flottant. Les ports de Saint-Gilles-Croix- de-Vie, Bourgenay et du Payré sont équipés le 20. La protection du Perthuis Breton est prévue par des chaluts traînés par des bateaux de Saint-Gilles-Croix-de-Vie. Le 22 décembre, le navire baliseur Charles Babin positionne les coffres d'amarrage et livre les barrages à Port Joinville en vue de protéger Port Joinville et le Port de la Meule.
Au vu du risque imminent de l'arrivée des hydrocarbures sur le littoral, le plan POLMAR-Terre est déclenché par le Préfet de Vendée le 22 décembre à midi. Le même jour, des premières traces de pollution touchent l'île d'Yeu sous forme de galettes de 2 à 5 cm de diamètre. Des prélèvements sont effectués et analysés au LASEM (Laboratoire d'Analyses, de Surveillance et d'Expertise de la Marine). En attendant de savoir si le polluant vient ou non de l'Erika, l'incertitude plane quant aux zones qui seront touchées dans les jours suivants. La crainte de voir la côte souillée est d'autant plus grande que toutes les modélisations de dérives de nappes prévoient que le département sera touché.
Le 25, quatre barrages flottants sont installés à l'entrée des ports de l'Herbaudière sur Noirmoutier et des Brochets, des Champs et du Bec au fond de la baie de Bourgneuf.
A partir du 27 décembre, les quantités d'hydrocarbures touchant la côte sont plus importantes, en particulier sur l'île de Noirmoutier et la partie continentale de la baie de Bourgneuf (plusieurs centaines de tonnes). La pollution semble ensuite se décaler vers le sud du département, puisqu'au début du mois de janvier des arrivées de plaques et de galettes sont constatées dans les secteurs de Jard-sur-Mer et la Tranche-sur-Mer.
L'organisation
Le jour même du déclenchement du plan POLMAR-Terre, le PCF est activé à la Préfecture de la Roche-sur-Yon, ainsi qu'un PCO à la sous-Préfecture des Sables d'Olonne qui rassemble, sous la direction du sous-Préfet, tous les services à partir du 23 décembre. Le 5 janvier, le PCF est dissout et vient renforcer le dispositif du PCO.
Trois premiers PCA sont activés à l'ïle d'Yeu, Beauvoir-sur-Mer et Saint-Jean-de-Monts le 23 décembre. En effet, l'île d'Yeu et la partie nord du département sont les plus menacées et seront les plus touchées par les arrivages. Un quatrième PCA est activé à Jard-sur-Mer, le 24 décembre, et un cinquième, le 29 décembre, à la Tranche-sur-Mer. Ces deux derniers fusionnent le 14 janvier.
Le dispositif est donc complet à partir du 29 décembre. On dénombre à cette date 35 chantiers opérationnels, dont 22 dans le secteur du PCA de Beauvoir-sur-Mer.
Les moyens matériels
Des barrages flottants sont installés devant les sites sensibles (ports, étiers, parcs ostréicoles) afin d'éviter que les hydrocarbures y causent de graves dommages. Au 5 janvier, ce sont ainsi 4 500 mètres qui sont déployés, ou prêts à l'être (positionnement des corps-morts), devant le littoral. Afin de récupérer les nappes de polluant en fond de barrage, trois barges Egmopol sont acheminées dans les ports de l'Herbaudière, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et des Sables d'Olonne.
Les 31 décembre et 3 janvier, des opérations de chalutage en mer, à l'aide de filets Seynip de la Marine nationale, permettent la collecte de 8 tonnes de polluant.
Les digues de la plupart des ports du nord du département bénéficient début janvier d'un épandage de produit filmogène. Cette substance réduit l'adhérence du polluant sur le substrat et facilite par la suite les opérations de nettoyage.
Sur le littoral, des équipements lourds tels que des tractopelles, des pelles mécaniques, des "dumpers" sont déployés. Ils permettent de faire face à une pollution importante en certains endroits. Les premiers essais de cribleuses ont lieu le 3 janvier et donnent des résultats satisfaisants.
Les digues artificielles et les rochers sont nettoyés essentiellement à l'aide de moyens manuels.
Le sauvetage de la saison touristique (Février - Juin 2000)
L'évolution des chantiers
De nombreux chantiers sont mis en place rapidement pour faire face à la pollution importante qui frappe la côte.
Parallèlement à ces chantiers, et toujours dans le cadre du dispositif POLMAR, ont lieu des opérations de dépollution réalisées par des entreprises privées. L'entreprise CDES intervient sur les perrés de La Guérinère dès le mois de mars. Les sociétés Foselev/SIS et DJET débutent leurs interventions, la deuxième semaine de mai, sur l'île de Noirmoutier et aux Sables d'Olonne / Château d'Olonne.
De son côté, TotalFinaElf prend financièrement en charge le nettoyage final de la corniche de Sion (réalisé par la société DJET), le nettoyage de l'île du Pilier (mené par l'entreprise Le Floch Dépollution puis Bataille) et de la digue de la Parisienne. Il fournit, d'autre part, des cribleuses, des mini-cribleuses, des aspirateurs Norclean et des nettoyeurs à pression.
Le choix des sites prioritaires
La saison estivale approchant, se pose la question des priorités du nettoyage. Les chantiers conduits sur les digues sont interrompus à la mi-mai pour porter les efforts sur les plages dont le contrôle sanitaire sera assuré par la DDASS. Les premières zones à bénéficier de cette option se situent sur l'île de Noirmoutier et la Barre-des-Monts. D'autre part, des équipes de sapeurs- pompiers sont affectées sur les zones rocheuses de Brétignolles-sur-Mer et Saint-Gilles-Croix-de-Vie.
Les résultats des visites de la DDASS effectuées du 6 au 15 juin autorisent 110 plages sur 113 à la baignade. Les trois plages non acceptées représentent un linéaire d'un kilomètre sur les 120 km du département et sont situées sur les îles d'Yeu et de Noirmoutier (sable propre mais enrochements très pollués).
Le nettoyage fin
Il n'y a pas eu à proprement parler une phase de nettoyage fin faisant suite à une phase de nettoyage grossier en Vendée. En effet, le nettoyage fin a débuté sur certains sites alors que d'autres faisaient toujours l'objet d'un nettoyage grossier.
Sur les plages, principalement de Noirmoutier et du Pays de Monts, les cribleuses commencent à être utilisées de façon généralisée, dès le mois de février, pour traiter la pollution résiduelle, les petits arrivages et la pollution enfouie. Quinze cribleuses et 24 mini-cribleuses sont mises en oeuvre.
Les communes de Saint-Hilaire-de-Riez, l'Epine, la Guérinière, La Faute-sur-Mer et la Tranche-sur-Mer bénéficient de trois cribleuses prêtées par les communes de Fouras, Canet-Plage et Hendaye. Ce prêt a lieu dans le cadre d'une recherche des cribleuses détenues par des communes non touchées par la marée noire, animée par la Préfecture de zone de défense Ouest.
Sous la direction de l'Office National des Forêts (ONF), les pieds de dune sont criblés manuellement à l'aide de tamis utilisés traditionnellement en maçonnerie, pour éviter au maximum de perturber le milieu. A la mi-mars débute une importante phase de nettoyage fin sur la plage de Luzeronde (commune de Noirmoutier).
Les travaux d'été (Juillet - Août 2000)
La réduction des effectifs
La saison estivale se traduit par une diminution des effectifs à partir du début du mois de juillet. Il n'y a plus en moyenne sur les chantiers que 4 sapeurs-pompiers, 56 CDD et une compagnie de militaires qui intervient en baie de Bourgneuf à l'aide de nettoyeurs haute-pression et eau chaude et de lances "Impact".
L'évolution du nombre de chantiers
Le nombre de chantiers est aussi en diminution. Dans les zones de responsabilité des PCA de Beauvoir-sur-Mer et de l'Ile d'Yeu, quelques CDD font la tournée des plages chaque jour pour poursuivre le nettoyage fin des plages. L'essentiel de l'activité estivale se cantonne donc à la baie de Bourgneuf.
Des chantiers privés sont également activés pendant cette période. La société ENCI intervient à partir du début du mois de juillet sur les digues de la baie de Bourgneuf, tandis que la société Foselev/SIS poursuit ses travaux sur la commune de l'Epine. La société DJET termine le nettoyage de la corniche de Sion le 13 juillet.
Les travaux d'automne
Les travaux d'automne concernent principalement :
- la pollution enfouie sous le sédiment, qui risque de réapparaître suite au dégraissement des plages causé par les tempêtes ;
- les chantiers de dépollution des digues de la baie de Bourgneuf ;
- la protection des prises d'eau ostréicoles.
La question se pose également du devenir de certains herbiers à spartines de la baie de Bourgneuf, qui présentent des risques de relargage de polluant non négligeables.
Au niveau des effectifs, aucune relève militaire n'est prévue au-delà du 12 septembre pour remplacer la compagnie du 12ème RA, qui est intervenue sur divers chantiers en baie de Bourgneuf et a procédé à la destruction des barrages non réutilisables car trop souillés.
Le traitement de la pollution enfouie
Une surveillance du dégraissement des plages est réalisée par différents acteurs : CDD POLMAR, ONF, Cedre, DIREN, DDASS en baie de Bourgneuf. En cas de découverte de pollution, un chantier est mis en œuvre. C'est ce qui a lieu sur Noirmoutier-en-l'Ile et sur la Guérinière, où le dégraissement important met à jour du polluant pendant la deuxième semaine du mois d'octobre, éliminé par l'intervention des CDD POLMAR.
La dépollution des digues et des enrochements
Devant l'impossibilité d'obtenir un nettoyage satisfaisant de ces ouvrages, il est décidé de lancer un programme de réfection des digues de la Coutant, de la Coupelasse, de la Coussière, du Paracaud (commune de Bouin), des Rouches (commune de Beauvoir-sur-mer) et de plusieurs enrochements de l'île de Noirmoutier. Les blocs démontés sont acheminés vers la carrière de Saint-Paul-Mont-Penit ou vers Arceau selon leur taille et leur degré de pollution. Parallèlement, les pieds de digues sont nettoyés manuellement par des CDD POLMAR ou par l'entreprise Piveteau, contractée par TotalFinaElf.
Les prises d'eau
Les prises d'eau destinées aux bassins ostréicoles du secteur de la Coupelasse sont rallongées de 25 mètres afin de les dégager d'une zone fréquemment soumise aux remobilisations de polluant dues aux travaux et aux coups de mer. Ces travaux sont achevés durant la deuxième semaine du mois d'octobre. Des filtres, mis au point par le Cedre sont installés dans les canaux d'alimentation des bassins ostréicoles pour empêcher l'intrusion de polluant qui viendrait contaminer les coquillages.
L'allègement du dispositif POLMAR
A partir du 2 octobre, le dispositif POLMAR est allégé avec la suspension des travaux lourds (hormis les travaux de réfection des digues) mais permet de maintenir néanmoins un système de vigilance. Les PCA sont transférés vers des structures permanentes.
Le comité de suivi :
La cellule d'évaluation environnementale met en place à la fin du mois d'octobre un comité de suivi chargé d'organiser la vigilance sur les côtes pendant la période hivernale. Animée par le Cedre, elle a pour objectif de cartographier précisément l'état de la pollution en baie de Bourgneuf pour identifier les chantiers de nettoyage prioritaires et évaluer l'état de la situation au niveau de la teneur en hydrocarbures des sédiments et le degré de contamination des coquillages, dont le suivi est assuré par l'IFREMER.
Le bilan de la lutte
Le linéaire touché
La quasi-totalité du littoral a été touchée par la pollution. Toutefois, la situation a été très inégale selon les zones. La baie de Bourgneuf et l'île de Noirmoutier ont été les plus sévèrement atteintes. Les conséquences ont été d'autant plus importantes qu'une bonne part du linéaire côtier est constituée de digues et enrochements artificiels particulièrement aptes à piéger le polluant.
Les déchets collectifs
Au 4 mai 2001, le total des déchets collectés se monte à 43 000 tonnes.