Lutte en mer
Le fioul de l'Erika n'étant pas dispersible, l'unique option de lutte au large est le confinement et la récupération.
Tenter d'agglomérer le polluant, de le rendre plus consistant pour le ramasser avec des chaluts de surface, accumule une multitude de problèmes techniques très difficiles à gérer en haute mer, depuis le transport et l'épandage des produits agglomérants nécessaires jusqu'aux opérations de chalutage et surtout de remontée à bord. C'est donc le pompage qui est retenu. Un pompage difficile du fait de la viscosité du produit et des mauvaises conditions de mer, mais "facilité" en même temps par l'épaisseur des nappes.
L'accident du pétrolier Sea Empress au pays de Galles, en 1996, avait déjà montré qu'en Europe les accords d'assistance mutuelle pouvaient permettre d'amener sur le site d'un déversement majeur et de faire travailler ensemble plusieurs navires de pays voisins. Après l'accident de l'Erika, la décision est prise par la Marine nationale d'engager une lutte au large avec les deux navires français disponibles, Alcyon et Ailette, un navire hollandais, Arca, un allemand, Neuwerk, un britannique, British Shield et deux espagnols, Ibaizadal II" et Alonso de Chaves. Ces deux derniers ne sont malheureusement pas encore équipés du matériel de récupération dont ils doivent être pourvus.
Par une mer très formée, le 15 décembre, le bâtiment de la Marine nationale Ailette tente une mise en ouvre du récupérateur TRANSREC, sans succès. D'autres essais de pompage, menés le 16 décembre conduisent finalement à renoncer au récupérateur TRANSREC au profit du récupérateur FOILEX. Les conditions de mer très difficiles forcent à reporter les tentatives de lutte, des dommages matériels étant survenus le 18 décembre. Un bitumier est mis à la disposition de la Marine nationale par la société TotalFina pour la récupération du produit pompé. Le 20 décembre, 60 m³ de fioul sont récupérés, ce qui confirme la faisabilité de l'opération. Le 21 décembre, le volume récupéré en mer est de 500 m³. Le 22 décembre, malgré les conditions météorologiques fortement dégradées, il est proche de 1 000 m³. A l'arrêt des opérations, le 23 décembre, la quantité d'émulsion récupérée en mer atteint 1 200 m³. Le 30 décembre, les conditions météorologiques favorables permettent de petites opérations de pompage par l'Elan (dispositif DACAMA et pompe FOILEX) et de chalutage par des bateaux de pêche (8 m³ récupérés) au large de la Vendée. Dans des conditions de mer particulièrement difficiles, la lutte en mer a permis d'extraire 1 200 tonnes de fioul, sauvant des milliers d'oiseaux de mer, épargnant au littoral un impact important, et évitant aux opérations à terre les efforts et le coût du ramassage et de l'élimination de 11 000 à 12 000 tonnes d'algues, sables, galets et débris souillés.
A partir du 16 février, un dispositif de recherche de nappes d'hydrocarbures navigant entre deux eaux ou posées sur le fond de la mer est mis en place au voisinage de l'épave et à proximité des côtes. Une équipe de plongeurs démineurs procède à des observations sous-marines le long des côtes de Loire-Atlantique et du Morbihan. A partir du 21 février, deux navires d'IFREMER équipés de dragues investiguent la ligne bathymétrique des 10 m. Un navire hydrographique de la Marine nationale procède quant à lui à des recherches sur la ligne des 50 m, équipé d'un gréement traîné de la surface jusqu'au fond pour tenter de repérer des nappes sous la surface. Aucun des moyens mis en œuvre n'a pu détecter quoi que ce soit dans la masse d'eau.