L'intervention de la Commission Européenne
Guido Ferraro, Unité de Protection Civile - Communauté Européenne
Depuis la mise en œuvre dans les années 80 de l'action de l'Union Européenne en matière de lutte contre les pollutions accidentelles, des dispositions particulières ont été prises pour aider les États membres à améliorer leur capacité d'intervention, individuellement ou à travers une assistance mutuelle, lors d'incidents mettant en danger le milieu marin.
L'action communautaire, qui a bénéficié jusqu'à présent des conseils d'un comité consultatif constitué d'experts nationaux, s'est développée dans trois directions : des programmes de formation, un système communautaire d'information et le soutien à de nouvelles actions et plans en la matière. Ces initiatives sont plus particulièrement conduites par l'Unité Protection Civile de la Direction Générale de l'Environnement de la Commission Européenne.
Durant l'accident de l'Erika, l'assistance fournie par la Commission Européenne et, à travers elle, par les autres États membres, s'est révélée essentielle pour limiter puis combattre les effets de la pollution sur le littoral français.
La tâche fondamentale a consisté à coordonner l'assistance des autres pays communautaires à la France. En fait, l'accident de l'Erika a démontré, une fois encore, que même un pays comme la France, à l'avant-garde des études sur les techniques de lutte antipollution et doté d'une excellente organisation, ne peut répondre seul à une pollution d'une telle envergure. L'action communautaire a permis de faciliter les relations entre les États membres, permettant à la France de mettre en œuvre 11 navires de lutte en mer, d'obtenir la mise à disposition de 26 kilomètres de barrages flottants et d'équipements spécifiques pour le nettoyage des oiseaux. Lors de la première phase de lutte en mer, la mise à disposition par la Commission d'un agent de liaison allemand auprès des autorités françaises s'est révélée particulièrement utile.
De plus, la France a bénéficié de l'aide de trois experts techniques (italien, norvégien et suédois), mis à disposition du Cedre par la Commission Européenne pour l'aider à dépouiller et répondre aux centaines de propositions de matériels, produits et services qui lui ont été adressées durant les premiers mois de la lutte.
Afin de faire bénéficier les autres États membres de l'expérience acquise par la France, la Communauté Européenne a également organisé, mi-janvier 2000, la visite d'une quinzaine d'observateurs européens (norvégiens, allemands, néerlandais, suédois, italien et un représentant de l'Unité de Protection Civile). Lors de cette visite, les observateurs ont pu rencontrer les autorités françaises chargées de la lutte en mer et à terre et se rendre sur le terrain pour visiter plusieurs chantiers de nettoyage sur le littoral de la Loire-Atlantique ainsi que le site de stockage des déchets de Donges. Ce fut pour eux l'occasion de se rendre compte de l'importance de la pollution et des moyens mis en œuvre pour y faire face.
Enfin, tout au long de l'opération, l'Unité de Protection Civile a assuré une information régulière des autres États membres par la diffusion de fiches d'information en langue anglaise. En effet s'il est clair que la responsabilité de la fourniture d'information a toujours été de la compétence exclusive des autorités françaises, la Commission Européenne a garanti la parfaite circulation de l'information entre la France et les autres pays. Ce travail a notamment permis d'alléger la tâche des autorités françaises qui devaient faire face à une forte pression médiatique.