L'impact à moyen terme
Dans les années qui suivent, leurs travaux conduisent les scientifiques à estimer que la marée noire a tué dans les premiers mois, par engluement ou par effet toxique, autour de 260 000 tonnes d'animaux marins. Ils mettent en évidence, dans les zones les plus touchées, une colonisation progressive au cours des années 1978-1979 par des espèces opportunistes, résistantes à la présence d'hydrocarbures.
Elles sont ensuite rejointes par des espèces tolérantes, qui représentent en 1982-1983 jusqu'à plus des trois quarts des peuplements. Enfin, les espèces sensibles ou très sensibles aux hydrocarbures se réinstallent et retrouvent leur niveau normal de présence à partir de 1984-1985. Au total, il aura fallu 6 à 7 ans pour que les équilibres antérieurs se rétablissent à peu près.
Les économistes ont bien du mal à y voir clair. Les dommages à la pêche sont difficiles à quantifier, ceci étant dû à l'évolution permanente des ressources et techniques de pêche. Les statistiques du tourisme montrent des variations très fortes d'une année sur l'autre, qui masquent l'effet propre à la marée noire. Les experts se battent à coups d'hypothèses et de formules mathématiques, entre lesquelles le juge américain avoue mal comprendre où se situe la réalité. Il aurait fallu une étude globale des dommages, bien coordonnée, avec des méthodes de travail harmonisées et internationalement reconnues. Mais comment y parvenir quand il n'y avait pas de précédent à cette échelle ?
(Source du schéma ci-dessus : Dauvin J.-C. Mar. Poll. Bull., 2000, 40(6) 528-536)