Amazzone : ce qui a changé
Des avancées techniques
La pollution provoquée par l’Amazzone a été dans son ensemble diffuse même si dans certains sites la configuration et l’exposition ont favorisé une marée noire massive. Cet accident a eu un impact très important sur le littoral en comparaison de la quantité de pétrole déversée.
Les conditions climatiques extrêmes des premiers jours ont rendu les mesures de protection antipollution quasiment inefficaces. Elles ont provoqué en mer la fragmentation des nappes du pétrole refroidi et ont facilité la diffusion de petits « paquets » mazoutés sur 450 kilomètres de littoral. La nature visqueuse des hydrocarbures de l’Amazzone, les opérations de lutte en mer retardées puis rendues très difficiles ont également amplifié la pollution à terre. Les opérations de nettoyage étaient considérablement compliquées du fait de l’étendue de la marée noire et de la nature très variée du littoral. Ces conditions particulières ont contraint les acteurs anti-pollution à multiplier et à appliquer des moyens de lutte adaptés.
Les scientifiques ont progressé dans la connaissance chimique du comportement des pétroles. Ayant renoncé au pompage en mer, au traitement par dispersants chimiques, au chalutage, ils ont du imaginer à terre des parades techniques. Le Cedre a assisté les communes dans leur choix pour récupérer et traiter de façon sélective un pétrole particulièrement visqueux. Ses spécialistes ont proposé des méthodes manuelles ou mécaniques qui ont permis de ramasser et éliminer le goémon mazouté. Pour la première fois, une machine de lavage des galets in situ a été utilisée et a permis de les replacer dans leur milieu. Le cordon de galets de la Baie d’Audierne a ainsi été préservé. Le recours à des techniques d’évacuations adaptées, (hélicoptères, barges à fonds plats) a été nécessaire dans le cas problématique des sites à accès difficiles.
Pas de mesures majeures
Très médiatisé, le sinistre a marqué l’histoire des pollutions en Bretagne. Il a fait évoluer la lutte antipollution.
L’importance d’un réseau d’information autour de la marée noire a été mise en avant. Les enseignements tirés ont aussi été une aide précieuse à la révision du plan Polmar-Terre du Finistère engagée un an auparavant. La nécessité de développer le parc de matériel anti-pollution, d’améliorer la stratégie de lutte à terre sont apparus au grand jour. Des projets de recherche sur les problèmes liés aux moyens d’évacuation des déchets particulièrement en zones à accès difficile ont été engagés.
Mais rien n’a changé en matière de prévention et de politique générale vis à vis des risques représentés par les navires de passage. Peut être parce que, dix ans après, la mémoire de la marée noire autrement plus catastrophique de l’AMOCO CADIZ était encore trop fraîche pour qu’une pollution de 2000 tonnes génère des initiatives majeures.