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Synthèse du département de la Loire-Atlantique

 

La mobilisation (Décembre 1999 - Mars 2000)

Le plan POLMAR-Terre de Loire-Atlantique est déclenché par le Préfet du département le 24 décembre.
Le 25 décembre, une reconnaissance dans la zone allant du Pouliguen à La Baule n'indique pas de traces significatives de pollution mais fait néanmoins état de centaines d'oiseaux mazoutés.
C'est le 26 décembre que la pollution frappe la côte du département, qui s'avère par la suite le plus touché. Le polluant se présente sous la forme de nappes qui recouvrent l'estran, les rochers, les galets, ainsi que de projections sur les falaises et les routes de bord de mer du fait de la tempête qui sévit à cette époque. De la pointe du Castelli jusqu'au Pouliguen, une couche visqueuse de 5 à 30 cm d'épaisseur recouvre la côte. Des estimations font mention de centaines de tonnes entre le Pouliguen et Batz-sur-mer, chaque crique concentrant 2 à 10 tonnes de polluant. Des barrages en terre sont élevés pour protéger les marais salants. Les huîtres des zones ostréicoles du nord de la baie de Bourgneuf sont relevées par les professionnels.
Des corps-morts sont installés pour la mise en place éventuelle de barrages flottants. Seul le port de Pornichet, le port de plaisance de la Turballe et l'étier du Pouliguen, voient l'installation effective d'un barrage. Le port autonome de Nantes-Saint-Nazaire déclenche son plan Minipol, du fait des arrivages aux abords de l'estuaire de la Loire. Des épandages de filmogène (produit limitant l'absorption du polluant sur le substrat) ont lieu mais sont rendus aléatoires à cause de vents de l'ordre de 100 km/h.
Dès le 26, les équipes municipales, de sécurité civile et des bénévoles débutent le ramassage. Environ 500 personnes arrivent rapidement en renfort.
Les échouages qui ont lieu par la suite sont le fait de remobilisations plutôt que d'arrivages du large. Certaines nappes menaçant d'entrer dans le traict du Croisic, les principaux étiers des marais de Guérande sont protégés par des barrages en argile ou des barrages filtrants en paille.

 

 

L'organisation

Un PCF est activé à la Préfecture de Nantes suite au déclenchement du plan POLMAR. Un PCO est installé à la sous-Préfecture de Saint-Nazaire et deux PCA sont implantés à La Baule pour gérer les chantiers dans le secteur nord Loire et à Pornic pour la zone située au sud de l'estuaire.

Les moyens humains

Les effectifs intervenant sur les chantiers de dépollution montent rapidement en puissance. A la fin décembre, 600 personnes sont présentes, à la fin de janvier, elles sont 950. Durant le premier mois, les effectifs de militaires, sapeurs-pompiers et membres de la sécurité civile varient entre ces deux valeurs. A ceux-ci s'ajoutent les bénévoles et les employés communaux.

Le nettoyage grossier

Les premiers chantiers consistent à ramasser le maximum de pétrole échoué avant qu'il ne soit repris par la mer. Il s'agit donc essentiellement de récupération mécanique et manuelle à l'aide de pelles nécessitant peu de technicité puisque le polluant est accessible. Les rochers font l'objet d'un raclage manuel lorsque l'épaisseur de la couche le permet.
Étant donné la viscosité élevée du pétrole, des nappes peuvent être dégagées au grappin, à marée haute, des criques difficiles d'accès et parfois remorquées avec des canots pneumatiques vers des zones accessibles.

 

 

Le sauvetage de la saison touristique (mars - juin 2000)

Le choix des sites prioritaires

Durant les premières semaines de la marée noire, l'effort est porté sur la zone située entre le Pouliguen et le Croisic, particulièrement touchée par les arrivages. Le grand nombre de petites criques rocheuses constitue une source de polluant facilement remobilisable par les marées et il est impératif de traiter ces zones en priorité pour limiter les transferts qui recontaminent les sites nettoyés ou épargnés.

Le nettoyage fin

Le nettoyage fin comprend le criblage des plages, le nettoyage des substrats durs et de la végétation. Il vient s'y ajouter le traitement des nappes enfouies par l'engraissement des plages après les arrivages de polluant. Il nécessite de gros moyens.
A partir du mois de mars, les plages sableuses sont nettoyées pour pouvoir être autorisées à la baignade ainsi que les substrats durs (enrochements artificiels, rochers, digues et perrés).
Ce nettoyage fin débute dans le sud Loire durant la deuxième semaine de mars. Chaque commune dispose de nettoyeurs haute-pression / haute-température, mis en œuvre par les militaires pour le nettoyage des substrats durs. Des lances "Impact" sont utilisées à partir de la mi-avril Les dernières semaines avant l'été sont consacrées au nettoyage des enrochements situés près des plages, pour ce qui concerne les chantiers POLMAR.
En nord Loire, les premiers chantiers de nettoyage de l'estran rocheux débutent au mois d'avril.
Certaines plages de sable du nord Loire font l'objet, en plus du criblage, de descentes de sable en bas de plage pour séparer les plus petites boulettes du sédiment. C'est le cas des communes de Pornichet, la Baule, la Turballe, Batz-sur-Mer où le linéaire à traiter est de 14 km.

L'évolution des effectifs

La phase de nettoyage fin se traduit par une augmentation rapide du personnel engagé sur les chantiers au début du mois de mars, avec l'arrivée des équipes de CDD qui viennent épauler les unités constituées. Les effectifs atteignent un maximum de 1 300 personnes le 27 avril et on constate, après cette date, une diminution faible jusqu'à la fin du mois de juin où l'essentiel des unités constituées est démobilisé.

 

 

Les travaux d'été (Juillet - Août 2000)

L'organisation du dispositif POLMAR

Le dispositif POLMAR est allégé pendant la période estivale. L'essentiel de l'activité planifié par le PCA consiste en veille, maintenance et mise à niveau de la qualité des plages par les services communaux, les CDD POLMAR et les unités constituées. Les chantiers des entreprises privées sont également intégrés dans ce dispositif. Face à des arrivées occasionnelles de pollutions de faible ampleur (décrochages, goémons pollués, galettes), les unités constituées renforcent les services communaux et les CDD lorsque la pollution dépasse la capacité des moyens communaux.

Nature des chantiers et opérateurs concernés

Les militaires travaillent au nettoyage des enrochements de bas de falaises et plateaux rocheux. Les équipes de la sécurité civile réalisent le mini-criblage sur les plages ouvertes au public pour assurer le maintien d'un niveau de propreté satisfaisant, ainsi que le nettoyage des enrochements et pieds de falaises. Les CDD gérés par les communes effectuent diverses missions en fonction de la typologie des sites et de l'ampleur de la pollution (surveillance, ramassage des petits échouages de boulettes, décaissement des pieds de falaise, nettoyage haute pression). Les entreprises privées assurent le nettoyage des épis, enrochements, pieds de falaises et secteurs végétalisés.

L'ouverture des plages

Le 11 juillet, ces efforts conduisent à déclarer en état sanitaire satisfaisant 65 plages des 86 visitées par le groupe de visite mené par la DDASS. Au 28 juillet, 71 plages sont ouvertes à la baignade et 15 restent dans un état non satisfaisant, dont 6 très dégradées.

L'évolution des effectifs

La période estivale se traduit par une brusque diminution des effectifs, qui passent de 930 à 230 par la démobilisation des militaires et des renforts de sapeurs-pompiers. La tendance est à l'accroissement durant la seconde quinzaine de juillet (400 personnes à la fin du mois), 150 CDD étant recrutés. Au mois d'août, les effectifs varient entre 290 et 400 personnes.

 

 

La reprise d'automne

Les travaux d'automne concernent les chantiers de finition réalisés par des entreprises privées, des CDD, et les opérations plus lourdes telles que le traitement de pollution immergée ou d'enrochements fortement contaminés.

Le dispositif post-estival

Le dispositif automnal est allégé à 300 personnes et, à partir du 18 septembre, les effectifs ne sont constitués que de CDD (hors chantiers privés). Au début du mois d'octobre, une dotation de 184 mois de CDD est attribuée aux communes, dont 132 en nord Loire et 52 dans le sud Loire. Une autre dotation, de 130 mois de CDD en nord Loire et 156 en sud Loire, vient la compléter au mois de novembre.
Un dispositif de prêt de matériel POLMAR aux communes est mis en place. Chaque commune remplit une "demande d'appui technique" (nature du chantier prévu et matériel demandé). Le site est ensuite visité par des représentants du PCA, de la DIREN et du Cedre. Le matériel est débloqué et les chantiers sont menés sous le contrôle des conducteurs de travaux du PCA.
TotalFinaElf se remobilise sur certains chantiers, en particulier ceux très pollués, ou d'accès difficiles, de la côte sauvage du Pouliguen à Batz-sur-Mer.
L’État lance des appels d'offres auprès des sociétés spécialisées en antipollution pour intervenir sur les zones les plus fortement polluées où des techniques particulières n'étant plus à la portée des équipes de contractuels doivent être appliquées. Cinq sociétés interviennent sur le nord Loire et quatre en sud Loire.

La dépollution des enrochements

En automne, trois enrochements sont encore particulièrement pollués, et l'option est prise de les démonter car il n'est pas possible d'éliminer le polluant en laissant les blocs en place.
 Il s'agit des sites de :

  • Sissable (démontage, lavage sur place, remontage) ;
  • Pornichet ;
  • Pen Bron (démontage, remontage avec 70 000 tonnes de nouveau matériau). Les petits blocs très pollués sont expédiés vers Donges. Les gros blocs peu pollués sont évacués en carrière où ils sont concassés.

 

Le bilan de la lutte

Le linéaire touché

Avec 70 % de ses côtes polluées par la marée noire, la Loire-Atlantique est de loin le département le plus touché. A l'intérieur du département, la situation n'est pas homogène puisque le nord Loire est plus atteint que le secteur sud. De façon plus précise, la zone entre le Pouliguen et le Croisic est de 5 à 10 fois plus atteinte que le reste de la côte en terme de quantité (estimation effectuée suite à un survol en hélicoptère le 28 décembre 1999).

Les marais salants

La convergence des nappes de pétrole vers la Loire-Atlantique nécessite des actions de protection des marais salants de Guérande et du Mès. L'intrusion d'hydrocarbures dans ces marais aurait de graves conséquences économiques, écologiques et sanitaires. C'est pourquoi les paludiers, en relation avec le dispositif POLMAR, ferment les écluses des étiers, érigent des barrages en terre et installent des barrages filtrants en paille pour stopper le polluant, dès le 26 décembre.
Le 3 mars, un Arrêté Préfectoral interdit la prise d'eau dans les marais salants de Loire-Atlantique jusqu'au 31 mars. Cette interdiction est ensuite étendue pendant 15 jours supplémentaires. La décision résulte des analyses effectuées par la DDASS et du fait que la nappe de polluant enfouie sur la plage de Pen Bron constitue une source de relargage d'hydrocarbures dans les traicts.
Le 28 mai, les paludiers et le sous-Préfet de Saint-Nazaire signent un accord de non production de sel pour l'année 2000, préférant sacrifier une année que de laisser planer un doute sur la qualité d'un produit alimentaire haut de gamme. Il est toutefois nécessaire de mettre les salines en eau pour qu'elles ne se détériorent pas sous l'effet du dessèchement. C'est pourquoi un Arrêté est pris, le 21 mai, autorisant l'alimentation des marais salants, si les dispositifs de filtration répondent à certaines prescriptions (concentration en hydrocarbures aromatiques polycycliques inférieure à 200 ng/l notamment).

Les déchets collectés

Au 4 mai 2001, 144 000 tonnes de déchets ont été collectées sur le littoral du département.

Dernière modification le 09/06/2001
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